Le soignant confronté à la grande pauvreté : l'éthique de l'espoir

The caregiver confronted with extreme poverty: the ethics of hope

• Auteur / Autrice : Camille Riviere
• Direction : David Smadja
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Philosophie pratique
• Date : Inscription en doctorat le 13/11/2024
• Etablissement(s) : Paris 12
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Organisations, marchés, institutions
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LIPHA - Laboratoire Interdisciplinaire d'Etude Politique HANNAH ARENDT

Mots clés

Mots clés libres

Espoir

Pauvreté

Relation médecin malade

Desespoir

Ethique

Hope

Poverty

Doctor-patient relationship

Dispair

Ethics

Résumé

Le soignant confronté à la pauvreté fait face à de situations désespérées et désespérantes. Le désespoir dont nous voulons parler ici est un état existentiel qui renvoit chaque homme à son impossibilité d'être lui-même, c'est-à-dire dans la situation qui nous préoccupe, condamnant le patient à une vie misérable et maladive et renvoyant le soignant à son incapacité d'action soignante comme citoyenne. Dans notre pratique du soin dans la grande précarité, le soignant va faire, pour ainsi dire, le diagnostic de la misère en même temps que celui du désespoir qui y est attaché. Nous voudrions montrer dans notre travail que ce constat n'est pas sans issue et que le soin dans la grande précarité est porteur d'un espoir individuel et collectif. En effet, faire ce diagnostic nous fera nous mettre à l'école de sociologues et analyser la misère sous la prisme de l'habitus révélateur d'injustice et condamnant à une certaine immuabilité. En cela nous pourrons faire un parallèle avec les penseurs existentialistes pour qui l'état universel de l'homme est un désespoir tout aussi incompressible. Si l'espérance se devine en creux de la pensée des existentialistes, de même la possibilité de l'émancipation transpire chez certains sociologues. L'espoir ne serait pas si loin. Cet espoir inhérent au soin est particulièrement révélé par les situations de grande pauvreté. Il est espoir d'émancipation pour le soigné mais aussi pour le soignant. Cela vient plus largement questionner la notion de juste soin : ajusté au face à face singulier qui relie le médecin et le malade et équitable car inscrivant dans une système de santé garantissant une certaine justice.

The caregiver confronted with poverty faces desperate and despairing situations. The despair we want to talk about here is an existential state that confronts every person with their impossibility of being themselves, which, in the situation we are concerned with, condemns the patient to a miserable and unhealthy life while also confronting the caregiver with their inability to act as a healer, as a citizen. In our practice of care in conditions of severe precarity, the caregiver will, so to speak, diagnose poverty at the same time as the despair attached to it. We would like to show in our work that this observation is not without hope, and that care in situations of severe precarity carries both individual and collective hope. Indeed, making this diagnosis will lead us to study sociologists and analyze poverty through the lens of habitus, which reveals injustice and condemns it to a certain immutability. In this way, we can draw a parallel with existentialist thinkers, for whom the universal condition of man is an equally incomprehensible despair. Just as hope can be sensed in the gaps of existentialist thought, so too does the possibility of emancipation emerge in the work of certain sociologists. Hope is not so far off. This hope inherent in care is especially revealed in situations of extreme poverty. It is hope for emancipation both for the patient and for the caregiver. This raises broader questions about the notion of just care: care that is tailored to the unique relationship between doctor and patient, and equitable because it is part of a healthcare system that ensures a certain degree of justice.