Les outils d'apprentissage de l'italien en France aux XVIe et XVIIe siècles : une analyse des modèles linguistiques
Auteur / Autrice : | Andrea Gualano |
Direction : | Patrizia De capitani, Francesca Virginia Geymonat |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Etudes italiennes |
Date : | Inscription en doctorat le 01/01/2025 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes en cotutelle avec Université de Turin |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale langues, littératures et sciences humaines |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Universitaire Histoire Culture(s) Italie Europe |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Entre le XVe et le XVIe siècle, les premiers traités de grammaire des langues romanes ont été rédigés en s'inspirant de la forte tradition grammaticale latine. Les différentes conditions politiques et linguistiques qui caractérisaient les pays européens au XVIe siècle ont déterminé différentes motivations pour la production de grammaires des langues romanes. En France, c'est la cour qui a été le centre de promotion de la langue nationale, le lieu où s'est déroulé le processus d'unification des langues vernaculaires en un idiome commun, affiné par les administrateurs et les hommes de loi dans les pratiques du fonctionnement de l'État. Le développement de la littérature chevaleresque et du lyrisme provençal, les études humanistes ET l'invention de l'imprimerie, ont donné une forte impulsion à la normalisation graphique, à la standardisation de la langue et la Réforme protestante ont tous contribué à l'établissement du français comme langue nationale. Les premiers traités grammaticaux du français se réfèrent à ce modèle, à partir de l'ouvrage du médecin Jacques Dubois, In linguam gallicam isagωge, una cum eiusdem grammatica latino-gallica, ex Hebraeis, Graecis, et Latinis authoribus (Paris 1531). Si ce traité se rattache aux modèles latins, les autres grammaires publiées au cours du siècle configurent le détachement progressif de la langue classique et prétendent se limiter à décrire l'usage de la cour. En Italie, compte tenu de la division politique du pays, les langues de cour étaient inadaptées au rôle de langue nationale en raison de leur variabilité: conditionnées par les langues vernaculaires locales, le latin et le toscan littéraire, les écritures de cour étaient loin d'être unifiées. Si l'on dépasse la Grammatichetta de Leon Battista Alberti, rédigée entre 1437 et 1441 dans une période de querelles humanistes visant à légitimer et valoriser la langue vernaculaire plutôt qu'à établir un ensemble cohérent de règles pour la langue moderne, les premières grammaires de l'italien se sont attachées à identifier un modèle permettant de réduire et d'unifier les pratiques d'écriture très diversifiées du début du XVIe siècle. D'autre part, l'Italie dispose d'une tradition littéraire influente: le florentin des XIIIe et XIVe siècles de Dante, Pétrarque et Boccace permet d'échapper à la variabilité des discours et des écrits de cour. C'est la proposition gagnante de Pietro Bembo, dans Prose della volgar lingua (Venise 1525), qui normalise la grammaire et l'orthographe italiennes à partir de l'observation et de l'imitation des classiques du XIVe siècle. La perspective théorique de Bembo conditionnera les grammaires ultérieures de l'italien et les travaux de l'Accademia della Crusca, auteurs du premier Vocabolario della lingua italiana (Venise 1612), élaboré à partir de la lecture de textes florentins du XIVe siècle qui n'étaient pas seulement littéraires. L'intention prescriptive et normative des traités consacrés aux langues nationales s'est heurtée à la l'usage de la langue, en particulier dans le domaine de l'apprentissage de l'italien comme langue étrangère. Les commerçants, les diplomates et les techniciens qui apprenaient l'italien pour mener leurs affaires avaient besoin d'outils plus conformes à la langue courante. C'est pourquoi, dans la première grammaire de l'italien pour les Espagnols (Francisco Trenado de Ayllón, Arte muy curiosa, Medina del Campo 1596), bien que dépendante du modèle pétrarquiste et littéraire, on remarque des traits qui renvoient aux langues vernaculaires du centre-sud et de Rome. L'objectif de la recherche est d'étudier, par le biais d'une analyse philologique, linguistique et lexicale, la langue représentée dans les ouvrages des XVIe et XVIIe siècles destinés à l'apprentissage de l'italien par les francophones, produits hors d'Italie. Leur contenu permettra de donner une image plus complète du processus complexe de diffusion de l'italien en Europe, en particulier dans l'espace français.