Thèse en cours

Quelle liberté de choisir son avenir professionnel ? Une approche des capabiltés des actifs dans leurs trajectoires professionnelles

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Auteur / Autrice : Dimitri Noel
Direction : Sabrina LabbeNathalie Lavielle-gutnik
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de l'Éducation
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : Université de Toulouse (2023-....)
Ecole(s) doctorale(s) : Comportement, Langages, Education, Socialisation, Cognition (CLESCO)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : EFTS - Education, Formation, Travail, Savoirs (UMR-MA 122)

Mots clés

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Résumé

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La loi ''Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » en vigueur depuis 2018 a posé pour objectif « un accès plus simple, plus rapide et plus juste à l’atout majeur du XXIe siècle : les compétences » (Pénicaud, 2018). Comme le souligne (Chauvet, 2018) : « L’intitulé même de la loi n’est pas anodin. On pourrait s’amuser à le proposer comme sujet à l’épreuve de philosophie du baccalauréat formulé ainsi : « Est-on libre de choisir son avenir professionnel ? ». […] C’est que l’intitulé de la loi ouvre des débats multiples, philosophiques, sociologiques tant sur les plans individuels et collectifs qu’au niveau juridique et organisationnel. » La promulgation de cette loi a été accompagnée par la création de nouveaux droits et dispositifs (Le Compte Personnel de Formation (CPF), le dispositif démission-reconversion, le Conseil en Evolution Professionnelle (CEP)… Etc.) visant à mettre à disposition des ressources permettant à chaque actif de prendre en main son parcours professionnel. On peut voir, dans cette transformation structurelle, des enjeux démocratiques et éthiques qui ne sont pas sans rappeler l’approche par les capabilités d’Amartya SEN à partir de laquelle Nussbaum a établi une théorie de la justice sociale fondamentale : « La question fondamentale à poser […] est la suivante : « « qu’est-ce que chaque personne est capable de faire et d’être ? » Autrement dit, cette approche considère chaque personne comme une fin. Elle ne s’intéresse pas seulement au bien-être total ou moyen, mais aux possibilités offertes à chaque personne. Elle se concentre sur le choix ou la liberté, et soutient que le bien essentiel des sociétés devraient chercher à promouvoir pour leurs membres est un ensemble de possibilités, ou de libertés substantielles, que les individus peuvent décider d’exercer ou non : ce choix leur appartient. Cette approche s’engage donc à respecter la capacité d’autodéfinition des individus. » (Nussbaum, 2012). Cette théorie peut s’inscrire dans le courant de celle de (Rawls, 2009) qui s’appuie lui-même sur la morale kantienne où l’humain doit toujours être considéré comme une fin et non comme un moyen. Une différence importante réside chez Rawls dans l’idée que « la société juste tolère d’assez larges inégalités économiques et sociales pour autant cependant qu’on puisse démontrer que tout autre système de répartition aggraverait encore plus la condition des plus déshérités » (Ost, 1987). C’est en cela que la conception rawlsienne de la justice a une visée systémique là où l’approche par les capabilités se place à un niveau individuel. L’ambition de cette loi pose que « chacun puisse se réaliser dans sa vie professionnelle », puisse « se projeter dans l’avenir avec confiance et envie », et permette de « lever les freins et les discriminations persistantes dans notre pays et se donner les moyens de créer cet espace d’émancipation qui permettra à nos concitoyens de choisir librement leur avenir professionnel, en bénéficiant de protections collectives ». Mais qu’en est-il vraiment ? Notre projet de recherche a pour objectif de mettre à l’épreuve du réel ces ambitions politiques capabilisantes. En d’autres termes, il s’agit de questionner les vertus émancipatrices du contexte politique du champ de l’emploi, de la formation et de l’orientation actuel. Pour cela, nous souhaitons enquêter au plus proche du terrain pour analyser les effets réels de ces politiques sur les professionnels de ce champ mais aussi sur les actifs de la Région eux-mêmes. Nous concentrerons nos recherches sur les professionnels du conseil et de l’accompagnement, plus particulièrement ceux délivrant le service de Conseil en Evolution professionnelle, et sur des actifs de la région Grand Est.