Thèse en cours

Rôle de l'isoforme ∆133p53 de la protéine p53 sur la dynamique des télomères et l'instabilité génomique

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Auteur / Autrice : Inès Salhi
Direction : Anne-Laure Guieysse-peugeotLaureline Roger
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Biologie cellulaire
Date : Inscription en doctorat le 30/09/2024
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la nature et de l'Homme : évolution et écologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Structure et Instabilité des Génomes
Equipe de recherche : SANTE (Structures des acides nucléiques, télomères et évolution)

Résumé

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La protéine p53, aussi appelée « la gardienne du génome », est un facteur de transcription, conservé dans l'ensemble du règne animal, qui joue un rôle central dans la réponse aux stress cellulaires et dans le maintien de l'intégrité du génome. Le gène de p53 (TP53) peut produire plusieurs isoformes du fait de la présence de promoteurs alternatifs, de sites internes de démarrage de la traduction et d'épissage alternatif. Chez l'Homme, TP53 peut produire 12 isoformes (Bourdon JC, Genes Dev, 2005). L'une de ces isoformes, ∆133p53, serait conservée chez les primates haplorrhiniens (Joruiz SM, Cancers, 2020) et nous intéresse particulièrement dans l'équipe pour son implication dans la régulation physiologique de la sénescence réplicative. Cette dernière est un état d'arrêt irréversible du cycle cellulaire activé quand les télomères courts ont perdu leur fonction protectrice. Les télomères sont des structures nucléoprotéiques qui protègent les extrémités des chromosomes linéaires des cellules eucaryotes en les empêchant d'être reconnus par les facteurs de réparation de l'ADN comme des cassures double brins de l'ADN (de Lange T, Science, 2009). Du fait de la réplication incomplète des extrémités de l'ADN linéaire, les télomères des cellules somatiques humaines raccourcissent à chaque division cellulaire. Cette érosion progressive conduit à l'activation des voies de réponses à l'ADN endommagé et à l'entrée en sénescence dépendante de la protéine p53 (Fagagna F, Nature, 2003 ; Gire V, EMBO J, 2004). Les cellules qui échappent aux points de contrôle d'entrée en sénescence continuent de se diviser et leurs télomères raccourcissent jusqu'à atteindre une taille critique. Ils perdent alors leur fonction protectrice et deviennent capables de fusionner entre eux (Capper R, Genes Dev, 2007). Ces fusions télomériques sont une source d'instabilité génomique qui conduit à une mort cellulaire massive, appelée « crise télomérique ». Les fusions télomériques sont considérées comme un des événements mutationnels qui peut conduire à des réarrangements chromosomiques impliqués dans la progression en tumeur maligne. La sénescence cellulaire est ainsi un mécanisme suppresseur de tumeur qui bloque la prolifération des cellules dont les télomères sont devenus trop courts pour être fonctionnels et la protéine p53 joue un rôle clé dans son induction et son maintien. L'isoforme ∆133p53 peut inhiber p53 par un effet dominant négatif. Elle possède aussi des fonctions propres indépendantes de p53. Dans les cellules normales, l'expression de ∆133p53, à un niveau basal, est nécessaire pour que ces dernières puissent proliférer car ∆133p53 inhibe p53. La dégradation de ∆133p53 est requise pour lever l'inhibition de p53 et pour l'entrée en sénescence réplicative (Fujita K, Nat Cell Biol, 2009 ; Horikawa I, Nat Commun, 2014). La surexpression de cet isoforme permet aux cellules d'échapper à la sénescence et de continuer de se diviser. Nos données préliminaires montrent que cette extension du pouvoir prolifératif est associée à une augmentation des fusions télomériques, de l'instabilité génomique et s'achève par la mort des cellules. Bien que ∆133p53 soit impliquée dans le contrôle de l'entrée en sénescence, son rôle sur la dynamique des télomères et les conséquences de sa dérégulation reste encore largement inexplorés. Dans ce contexte, les objectifs de ce projet sont : 1/ Etudier l'impact de ∆133p53 sur la dynamique des télomères. 2/ Décrypter les mécanismes moléculaires par lesquels ∆133p53 induit des fusions télomériques et de l'instabilité génomique.