Paléopathologie de l'épaule : Redéfinition des marqueurs ostéologiques de rupture de la coiffe des rotateurs à l'aide de données actuelles et application en condition archéologique
Auteur / Autrice : | Camille Jenger |
Direction : | Sébastien Villotte, Stephane Descamps |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Anthropologie biologique |
Date : | Inscription en doctorat le 01/11/2023 |
Etablissement(s) : | Paris, Muséum national d'histoire naturelle |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences de la nature et de l'Homme : évolution et écologie |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Eco-Anthropologie |
Mots clés
Résumé
Bien que non portante, l'épaule est soumise à de nombreuses contraintes du fait de son extrême mobilité. Les muscles de la coiffe des rotateurs sont un ensemble de muscles rattachés aux tubercules huméraux et entourant la tête humérale pour lui conférer sa stabilité et son centrage sur la cavité glénoïdale de la scapula dans ses mouvements de rotation. Il s'agit donc d'un ensemble de muscles en permanence sollicité et indispensable au bon fonctionnement de cette articulation. De ce fait, les tendons de ces muscles sont fréquemment sujets à des tendinopathies qui, si elles se chronicisent, évoluent couramment vers une rupture tendineuse. Ce tableau dégénératif de la coiffe des rotateurs s'observe généralement chez une population âgée de plus de 50 ans avec des facteurs de risque anatomiques, génétiques et environnementaux en lien notamment avec leurs activités (de loisir ou professionnelles). Si les réparations chirurgicales des tendons de la coiffe des rotateurs s'observent quotidiennement dans les hôpitaux français, la médecine actuelle s'intéresse peu à l'atteinte de ces enthèses et à leurs répercussions sur l'os sous-jacent. Par conséquent, les marqueurs ostéologiques d'enthésopathie de la coiffe des rotateurs en condition archéologique ne font pas consensus et restent peu connus. Quelques études mentionnent des observations au niveau des tubercules huméraux rattachables à des lésions de rupture de coiffe mais leur niveau de preuve reste controversé et l'interprétation anthropologique que nous pourrions tirer de leur description est à considérer avec d'autant plus de précautions. D'une façon générale, l'analyse macroscopique d'humérus en contexte archéologique révèle fréquemment des lésions dont la nature et l'étiologie ne sont pas comprises, limitant leurs interprétations anatomiques d'une part et la possibilité d'inférences sanitaires et biomécaniques d'autre part. Quelles sont alors ces lésions et sont-elles rattachables à des pathologies des muscles de la coiffe des rotateurs ou à d'autres phénomènes ? Quelles répartitions démographiques (âge, sexe) pouvons-nous observer pour ces lésions et quelles interprétations pouvons-nous faire à partir de ces analyses épidémiologiques ? Sont-elles variables selon les périodes (pré)historiques étudiées, selon les conditions environnementales, selon les charges de travail et la spécialisation/mécanisation des activités humaines ? Pour répondre à ces questions, nous avons souhaité construire une approche pluridisciplinaire médicale et anthropobiologique qui, nous l'espérons, permettrait une meilleure compréhension de ces pathologies aux différentes échelles. En parallèle d'une analyse de la littérature des différentes disciplines, une première partie du travail s'attachera à décrire sur du matériel de référence moderne issu des collections du Museum national d'Histoire naturelle, les lésions ostéologiques retrouvées en contexte archéologique au niveau de l'épaule (humérus et scapula). Ceci afin de développer une méthode de cotation objective qui limiterait les erreurs inter et intra-observateur. Une seconde partie du travail s'attachera à retrouver une correspondance entre ces aspects sur os sec et les aspects cliniques actuels d'après la comparaison aux données d'imagerie médicale de patients actuels. Ceci permettra d'apporter des réponses quant à l'étiologie de ces lésions afin d'envisager une analyse épidémiologique. Enfin, une dernière partie du travail s'attachera à l'analyse d'un corpus archéologique diachronique pour permettre de croiser les données chronologiques et démographiques aux interprétation paléopathologiques. L'utilisation de matériel néolithique nous permettra de tester les conséquences paléopathologiques de cette période de grande transition démographique, sanitaire et de mode de vie (augmentation des charges de travail, spécialisation des tâches, division sexuelle des activités ayant de probables impacts biomécaniques sur les membres supérieurs).