Thèse en cours

La viabilité des petites populations : le cas de l'ours (Ursus arctos) des Pyrénées

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Auteur / Autrice : Léa Auclair
Direction : Alexandre Robert
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences de la conservation
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2023
Etablissement(s) : Paris, Muséum national d'histoire naturelle
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de la nature et de l'Homme : évolution et écologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'Ecologie et des Sciences de la Conservation

Résumé

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La population d'ours brun des Pyrénées (Ursus arctos) est l'une des populations de grands carnivores les plus petites et les plus menacées en Europe. Elle a connu un déclin marqué au cours du dernier siècle en raison de la chasse excessive et de la persécution directe. Les efforts de conservation, y compris les programmes de réintroduction, ont lentement augmenté la population à environ 70 individus en 2021. La surveillance combine des pièges photographiques, des protocoles de recherche systématiques et des observations opportunistes en Espagne et en France, fournissant des informations au niveau individuel. Cependant, la population reste fragile et isolée, la présence humaine limitant la taille et le nombre de territoires, réduisant la dispersion et augmentant la mortalité. Ces facteurs impactent la croissance de la population, le potentiel d'expansion spatiale, la consanguinité et la variation génétique. Une forte consanguinité dans la population fragmentée affecte théoriquement négativement la croissance, augmentant le risque d'extinction. De plus, comme de nombreux grands carnivores, la récupération de l'ours fait face à des conflits avec les activités humaines. Ainsi, comprendre la viabilité démo-génétique à long terme de l'ours brun dans ce contexte devient une préoccupation essentielle. Il est possible d'étudier et de quantifier la viabilité à long terme de la population d'ours en développant un modèle, que l'on pourrait qualifier de jumeau numérique, intégrant les composantes démographiques, génétiques, spatiales et écologiques de cette population. Les apports de cette modélisation seront précieux tant du point de vue appliqué que fondamental. Sur le plan appliqué, les résultats permettront de guider la gestion de l'espèce en projetant la distribution des ours dans le futur et en hiérarchisant les menaces sur sa viabilité (e.g. dégradation de l'habitat, consanguinité). Sur un plan plus fondamental, la viabilité démo-génétique des populations est une question d'intérêt général et une des problématiques majeures en conservation car elle se situe au cœur de la définition du statut de conservation des espèces mentionné dans la Directive Habitats. Néanmoins, la démo-génétique est principalement basée sur des modèles théoriques très simples qui ignorent l'hétérogénéité des paysages ainsi que la complexité des cycles de vie et des menaces. En particulier, les études de démo-génétique intégrant des modèles spatialement explicites sont relativement peu nombreuses. Ce projet de thèse contribuera donc à la connaissance théorique et méthodologique permettant de quantifier la viabilité de petites populations menacées dans un cadre réaliste. Pour cela, la thèse va suivre trois grands axes : (1) quantifier les effets de la consanguinité sur la démographie des ours ; (2) construire un modèle mécanistique centré sur l'individu et spatialement explicite pour simuler la population d'ours des Pyrénées et (3) combiner les aspects démographiques, génétiques et spatiaux dans un modèle centré sur l'individu pour comprendre les enjeux de conservation.