Thèse en cours

Le détective métaphysique: modèle d'enquête des relation texte-image (littérature-photographie)

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Auteur / Autrice : Francesco Canova
Direction : Patrick MathieuFabien Vallos
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Pratique et theorie de la creation litteraire et artistique
Date : Inscription en doctorat le 15/09/2024
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Langues, Lettres et Arts
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CIELAM - Centre Interdisciplinaire d'Etudes des Littératures d'Aix-Marseille

Résumé

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L'objet de cette proposition de doctorat est d'élaborer une analyse théorique et plastique des relations texte-image et en particulier de la relation qui s'entame entre photographie et littérature. Ce dispositif active une dialectique entre deux gestes capables de produire leur propre mythographie. Il s'agira de comprendre comment notre modernité s'empare de cette relation, d'en produire une archéologie et d'en comprendre les fonctionnements à partir de l'hypothèse de la figure du détective métaphysique. Comme modèle d'enquête, je convoque la figure du détective métaphysique – figure contemporaine proche des photographes et des poètes – qui se confronte au monde à partir de la modalité de l'investigation et s'interroge sur la forme donnée à la connaissance. Le détective agit sur une surface habitée par des récits, des traces et des spectres qui déterminent un territoire et les êtres qui y demeurent. Il produira une mythographie et proposera une tentative de réconciliation entre texte et image. En tant qu'opérateur plastique, ses démarches et formes de restitution seront protéiformes. Pendant longtemps, une interprétation imparfaite de la formule d'Horace « ut pictura poesis » a instauré l'idée que texte et image devaient entretenir un rapport mimétique. Avec l'avènement de la photographie, ce rapport est devenu plus conflictuel, poussant la littérature à se détourner du réalisme : comme le disait Paul Valéry, « le bromure l'emporte sur l'encre ». Cela a conduit à percevoir le rapport entre texte et image comme une antinomie, où l'altérité de ces deux formes se réduit à une simple relation d'illustration. L'enjeu de ce projet consiste dans un premier temps à déconstruire les fondements de cette problématique dans l'histoire de l'esthétique et de la pensée. Dans un second temps, cette recherche s'interrogera sur le rapport qui s'instaure entre photographie et littérature dans les pratiques contemporaines, comme possibilité de croisement entre texte-image. Le modèle d'enquête pour affronter ce travail s'identifie dans la figure du détective métaphysique, un être multidimensionnel qui produit une subversion des codes du récit policier classique et possède une vocation ontologique qui lui permet « d'interroger les mystères de l'être et de la connaissance au-delà du simple artifice de l'intrigue » comme soulignent Merivale et Sweeney. Héritier d'un monde fragmentaire, le détective cherche à résoudre un mystère et se lance dans une quête qui ressemble à un jeu de miroir et des latences à dénicher. La recherche tourne en rond et le détective réalise que l'objet de sa recherche appartient à un secret inépuisable, dont la saisie complète est inatteignable. La tâche du détective est celle de nous ramener le plus proche possible à ce secret. Comme le photographe, le détective nous conduit de la latence à l'exposition. Cette figure agit à la fois sur une dimension ontologique et une dimension empirique, où il développe son protocole d'enquête sur le terrain. Sur le plan ontologique l'enquêteur sonde l'impossibilité fondatrice sémiotique de la traductibilité entre texte et image. Sur le plan empirique, le modèle du détective métaphysique explore le territoire camarguais, envisagé comme une cartographie fictionnelle où les histoires, les récits et les mythes prolifèrent et s'entassent, dans l'attente d'être auscultés et dits. À la fin de sa quête, faite parfois de mystifications et de mensonges, le détective métaphysique tentera de fabriquer une représentation protéiforme. Le cœur de sa pratique insiste précisément sur cette idée ; à travers la production du récit, surtout dans une dimension ludique, nous pouvons proposer une réparation du monde. C'est avant tout une question de dosage. Platon le dit bien : tout récit est un pharmakon. À petite dose il soigne ; à forte dose, il empoisonne.