Protection constitutionnelle du droit à l'environnement au Bénin, en France et au Sénégal.
Auteur / Autrice : | Mafal Thiam |
Direction : | Laurence Gay, Mouhamadou Moustapha Aidara |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | En droit spécialité Droit public |
Date : | Inscription en doctorat le 22/10/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole Doctorale Sciences Juridiques et Politiques |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : DICE - Droits International, Comparé et Européen |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'environnement est essentiel pour la vie humaine et pour les générations futures, mais il est confronté à de nombreuses menaces. En réponse, la communauté internationale a organisé des sommets et adopté des conventions, comme celles de la Conférence de Rio en 1992, afin de renforcer la protection de l'environnement. Bien que des droits environnementaux soient reconnus au niveau international, leur protection effective dépend des législations nationales. Depuis les années 1970, de nombreux États ont intégré la protection de l'environnement dans leurs constitutions. Le concept de constitutionnalisme environnemental établit la primauté des normes environnementales constitutionnelles sur celles de rang inférieur et insiste sur la protection des droits environnementaux contre les abus. Ce processus de constitutionnalisation varie selon les États, reflétant une diversité d'approches. Madame Maria Nadège SAMBA-VOUKA analyse l'évolution constitutionnelle des États africains en trois périodes : le mimétisme postcolonial (1958-1965), la confusion des pouvoirs (1965-1990), et le nouveau constitutionnalisme depuis les années 1990. Ce dernier se caractérise par l'intégration des droits de l'Homme, notamment le droit à un environnement sain, influencée par des événements internationaux tels que la Déclaration de Stockholm (1972) et les conventions de Rio (1992), ainsi que par la Charte africaine des droits de l'Homme de 1981. La constitutionnalisation du droit à un environnement sain s'est accélérée depuis les années 1990, presque tous les pays africains ayant intégré ce droit dans leur constitution. Les premières inclusions ont eu lieu au Bénin, en Guinée et au Mozambique en 1990, suivies par d'autres pays dans les années 1990 et 2000. Cependant, l'application de ces dispositions reste inégale : certaines constitutions insèrent ces droits de manière éparpillée, tandis que d'autres n'en comportent pas du tout. L'analyse des cas du Bénin et du Sénégal révèle que le Bénin a connu un développement significatif du contentieux constitutionnel relatif à l'environnement, alors que le Sénégal, qui a reconnu ce droit plus tardivement, n'a pas enregistré un développement similaire dans ce domaine. En comparaison, la France a intégré le droit à un environnement sain dans sa constitution en 2004, accompagnée d'un développement riche du contentieux environnemental. Malgré son retard, la France se distingue par la solennité de sa Charte de l'environnement et le nombre de décisions rendues par son Conseil constitutionnel. Le projet de recherche se concentre sur le constitutionnalisme environnemental au Bénin et au Sénégal, deux pays partageant une structure de justice constitutionnelle similaire mais présentant des différences dans l'accès aux cours constitutionnelles et leurs pouvoirs. L'environnement est un enjeu majeur dans les discussions mondiales, et l'aborder sous l'angle constitutionnel renforce la construction d'une démocratie responsable et écologique. Cette étude vise à renouveler le débat sur le constitutionnalisme africain en mettant l'accent sur la protection de l'environnement, souvent négligée au profit des droits civiques et politiques. La problématique centrale est de déterminer le niveau de protection constitutionnelle du droit fondamental à un environnement sain au Bénin et au Sénégal, comparativement à la France. Les hypothèses posent que, bien que ces pays reconnaissent la protection de l'environnement dans leur constitution et la compétence des juges constitutionnels, sa mise en pratique demeure aléatoire. La recherche s'appuiera sur une méthodologie documentaire et des entretiens avec des experts pour analyser les constitutions et les lois en matière environnementale. Les résultats attendus permettront d'évaluer l'efficacité des protections constitutionnelles environnementales et d'identifier des pistes d'amélioration pour renforcer la prise en charge de l'environnement dans le cadre du constitutionnalisme africain.