Thèse en cours

Archéologie du marronnage : de la plantation à la forêt amazonienne, étude des possessions comme témoignage d’émancipation du joug colonial

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Auteur / Autrice : Lea Marie-rose
Direction : Stéphen Rostain
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Archeologie, ethnologie, prehistoire
Date : Inscription en doctorat le 25/11/2024
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Archéologie (Paris ; 1990-....)

Résumé

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« La notion même d’archéologie s’applique parfaitement à l’esclavage : mémoires enfouies, lieux oubliés, histoire marginalisée. (..) Elle va exhumer la vérité, mettre au jour les traces de celles et ceux dont nous ne trouvons pas la voix dans les archives écrites.(...) En creusant le sol pour faire apparaître les traces matérielles de la vie des esclaves, l’archéologie rend visible leur invisibilité. » – Delpuech A., Jacob J.-P., Vergès F., Archéologie de l’esclavage colonial, ''1. Une archéologie du savoir : mise en perspective,'' 2014 Ici, Françoise Vergès dépeint l’archéologie comme une discipline privilégiée afin d’accéder à l’existence de ceux qui n’ont pu la conter, et une réponse adaptée aux distorsions historiques et sociales nées de l’esclavage colonial menant à une réalité occultée. Pourtant, depuis une vingtaine d’années l’archéologie de l’esclavage colonial peine à se développer dans les Outre-mers français où l’on s’attarde majoritairement sur l’aspect économique de la traite. C’est ainsi que cette thèse intitulée : « Archéologie du marronnage : De la plantation à la forêt amazonienne, étude des possessions comme témoignage d’émancipation du joug colonial » et dirigée par M. Stephen Rostain, s’inscrit dans les domaines encore peu exploités en France de l’archéologie de l’esclavage colonial mais aussi du marronnage. La région étudiée est celle de la Guyane française, un territoire de 83 846 km2 situé sur la côte est méridionale du continent sud-américain et représentant 6% d’une entité géologique beaucoup plus étendue caractérisée par les termes de « bouclier guyanais ». Cette ancienne colonie devenue définitivement française en 1676, a assujetti plus de 19 000 africains jusqu’à l’abolition définitive de l’esclavage en 1848. Mais qui sont ces hommes et femmes outre leur fonction prédéfinie par le Code Noir en tant que « bien-meuble », comment accéder à leur histoire ? Et quelles sont les traces laissées lors de leur vie sur l’exploitation, mais aussi lors de leur libération traduite par l’acte de marronnage ? Dans une démarche de valorisation de la voix des esclaves, la recherche est orientée vers une étude mettant en parallèle les assemblages matériels des esclaves guyanais, autour de deux espaces, celui de l’habitation coloniale et plus précisément du quartier servile, et de la forêt amazonienne, atteinte lors de l’acte de marronnage, défini ici comme une libération autonome de l’individu réduit en esclavage. L’objectif principal est de saisir les capacités d’adaptation de ces communautés par l’étude de cultures matérielles se formant sous la contrainte de la dissimulation : celle exercée par le non-droit à la possession sur l’habitation, puisque selon le Code Noir, l’esclave est lui-même une possession. Mais aussi par un devoir de non-possession, puisque le marronnage mène à une condition de semi-nomadisme permettant, certes la survie, mais demandant une remise en question du rapport entretenu avec le matériel. La notion de « possession » est ainsi introduite, car le matériel domestique céramique standardisé ou singulier, principal bien de ceux qui ne sont en droit de posséder, semble être le témoignage le plus pertinent d’existences bafouées dans le passé, et peu étudiées dans le présent.