Thèse en cours

Identité génétique humaine et droits fondamentaux

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Auteur / Autrice : Séfora Pothin
Direction : Olivier Desaulnay
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit public
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2024
Etablissement(s) : La Réunion
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres et sciences humaines, Droit économie gestion, Sciences politiques
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherche Juridique

Résumé

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Siège d'une singularité biologique (dimension individuelle), l'identité génétique humaine s'impose simultanément à chacun en tant que commune humanité (dimension collective). L'étude du droit positif interne, européen et international révèle son incapacité à offrir un cadre protecteur cohérent au génome humain dans l'intégralité de ses dimensions. Fort classiquement, dans son rapport à autrui, la protection de l'identité génétique s'opère à travers le principe matriciel de respect de la dignité de la personne humaine contre toute forme de réification et d'instrumentalisation de celle-ci. Toutefois, lorsqu'il s'agit de saisir le sujet sous l'angle de la relation qu'entretient l'individu avec son propre génome, le droit patine. En effet, l'individu en France n'a pas accès à son identité génétique hors des cas prévus par la loi et l'autonomie personnelle ne peut aller jusqu'à des modifications génétiques transmissibles à la descendance au nom de la protection de l'intégrité génétique de l'espèce humaine. Pourtant, la diversification de l'emploi des données génétiques et les revendications sociales qui y sont attachées constituent un véritable point de bascule. On dénote une tendance individualiste de la société, marquée par la révision des lois bioéthiques du 2 août 2021, qui remet en cause la légitimité d'un principe objectif de dignité définissant dogmatiquement ce qui est bon ou mauvais pour l'Homme et les générations futures. Ainsi, sur le plan philosophique et juridique, se dessine un conflit entre une dignité subjective, permettant à la personne d'être maitre de son destin, et une conception objective, biologisante, qui justifie la remise en cause d'une utilisation rationnelle de l'autonomie. Un tel conflit nous contraint à reconsidérer le cadre juridique actuel résolument imparfait. L'enjeu de la recherche est donc de fournir des clés au débat public de demain qui portera sur des questions éthiques délicates. Il s'agit également de penser la manière dont peut être appréhendée par le droit l'intégralité des dimensions de l'identité génétique et de résoudre ces contradictions tout en garantissant un équilibre entre le progrès scientifique et le respect des droits fondamentaux. L'étude permettra d'explorer plusieurs pistes. La première sera celle d'une rupture ontologique raisonnée avec l'humanisme et la dignité fondée sur la personne. La seconde piste est celle de la consécration d'un principe de « biosolidarité ». La solidarité est une responsabilité à l'égard d'autrui, une précaution à l'égard de l'espèce humaine et des personnes futures. Il s'agira d'évoquer l'édiction d'une « solidarité-responsabilité », déjà en germe dans certains instruments juridiques internes et internationaux ou dans la jurisprudence de cours constitutionnelles ou européennes, sans qu'il y ait de rupture franche avec notre ontologie de la personne et les droits de l'homme.