Chair souffrante : poétique du corps malade et écriture féminine(XVIIe-XXIe siècle)
Auteur / Autrice : | Justine Marzack |
Direction : | Laurence Plazenet, Guiomar Hautcoeur |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures comparées |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Lettres, Langues, Sciences humaines et Sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IHRIM - Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le corps féminin hante la littérature depuis ses premières manifestations mais c'est un corps en gloire, désirable et désiré, objet de célébration et d'amour, et la plupart du temps décrit par des auteurs de sexe masculin. Est-il question d'un corps féminin saisi par la maladie, mutilé ou usé par l'âge, il ne reçoit plus qu'une attention ponctuelle, largement sarcastique et hostile. Source d'effroi, voire d'horreur, il incarne la dangerosité féminine. Sa défiguration est censée refléter les vices, les péchés, la corruption morale, de la femme en cause. L'exercice, dans le roman, la poésie ou au théâtre, est topique : il fait du corps la cible d'un discours misogyne sans aucune originalité. Il existe, cependant, un véritable continent de textes, peu connus, il est vrai, voire quasi inédits, qui évoquent le corps féminin d'une manière entièrement différente. Ils représentent un corps en butte à la souffrance, aux prises avec la maladie. Ces chairs fragiles, menacées, apparaissent dans le genre des mémoires, dans des journaux, des carnets de note, des récits à connotation souvent autobiographiques.Tous présentent de frappantes coïncidences, en dépit de la variété des milieux, des genres et des auteurs dont ils proviennent. Un point commun, en particulier, suscite l'intérêt : ils émanent systématiquement de femmes, qu'elles parlent d'elles-mêmes ou transcrivent l'épreuve à laquelle une proche est soumise. Cette caractéristique est assez frappante pour inciter à rapprocher traitement d'un sujet tabou, pratique de genres « mineurs » ou étrangers au canon ordinaire des belles-lettres, et émergence d'une écriture féminine écriture qui dit la chair souffrante et se donne elle-même à voir comme un corps textuel en souffrance, puisque inscrit dans des formes qui ne jouissent pas d'une reconnaissance littéraire ou entretiennent un rapport malaisé à la publication : voués à témoigner, ces écrits cultivent néanmoins souvent les codes d'une écriture intime ou privée. Le corps malade de la femme est-il ainsi le lieu de la naissance d'une conscience féminine de l'écriture, l'indicible le terrain de conquête d'un ineffable brisant les freins traditionnels qui lui sont opposés ?