Thèse en cours

Identité architecturale de la ville de Cotonou au Bénin (1960-1920)

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Auteur / Autrice : Solange Kpogbemabou
Direction : Carmen Popescu
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Architecture et Ville
Date : Inscription en doctorat le 21/11/2024
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement

Mots clés

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Résumé

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Dès les débuts de ma pratique professionnelle au Bénin et au Burkina, j'ai été déconcertée par la dualité entre les imaginaires et les desiderata à la base des commandes aussi bien privées que publiques. Si la plupart des maîtres d'ouvrage mettent en avant le besoin d'ancrage au contexte, les imaginaires convoqués sont parfois fortement déterritorialisés. Pour les grands projets urbains, on a recours à des matériaux de construction dit conventionnels et introduits avec la colonisation (ciment, acier, verre…) pour dit-on, magnifier l'architecture précoloniale initialement en matériaux du milieu (bambous, paille, bois…). Ceci confirme une tendance à la réappropriation des matériaux jadis emblématiques de la domination coloniale et du processus d'extraversion de la culture architecturale locale (CHOPLIN, 2020, p. 59). La violence du fait colonial, doit également être prise en compte dans à la forme que prend la transmission de l'histoire et des pratiques sur les territoires colonisés. Les imaginaires qui sont convoqués depuis le temps colonial, ne sont pas vraiment opérants dans le contexte local du fait de l'appropriation de la culture du colonisateur comme base de réflexion. En dehors de la question de la faible teneur sociale et des politiques inopérantes, les dirigeants africains se retrouvent généralement confrontés à deux temporalités : celle des mandats présidentiels relativement courts et celle des cycles des projets, plus longs (CHOPLIN, 2020, p. 83). Dans le contexte de l'urgence, le temps de la réflexion est amputé à la phase projet. Les concepts et technologies importées présentent l'avantage d'économiser ce temps de réflexion sur les besoins réels, les usages potentiels, les modes d'appropriations… Sous le couvert de l'urgence et dans un contexte de néolibéralisme grandissant, la production de la ville s'est progressivement inscrite dans des logiques d'entreprise et donc de profit. Le concept du « droit à la ville » d'Henri LEFEBVRE y a désormais plus d'écho. Loin de vouloir questionner la situation économique de l'Etat ou les critères d'appréciation du niveau de développement de la société, je propose d'observer le rôle et la portée des idéologies et des discours des politiques sur la construction de la nation béninoise post coloniales et ceci à travers l'architecture. La diversification et la contextualisation des modèles urbains étant à la base de cette réflexion, je ne condamne pas les modèles de la ville universelle et de la modernité à l'occidentale dans lequel se sont inscrits certains Chefs d'Etat successifs, mais je fais plutôt le postulat que la ville en tant que système vivant peut s'enrichir de la diversité et de la contextualisation. Un contexte qui porte encore de vifs stigmates de la colonisation. Pour cela, il faut commencer par comprendre le processus par lequel ces villes Africaines en sont arrivées là. Comprendre comment la ville de Cotonou s'est construite, en particulier à travers son architecture emblématique me semble être un préalable pour identifier ce qui peut être y considéré comme contexte. L'hétéronomie qui caractérise les options des décideurs, contribue-t-elle au discours sur l'absence d'identité de Cotonou ? Pour y répondre, les formes de contribution des divers acteurs aux productions architecturales contemporaines et représentatives de la ville de Cotonou, me semblent essentielles à prendre en compte. Comprendre les imaginaires qui inspirent les décideurs, leur vision et leurs discours en est un bon début. Aussi comprendre les mécanismes par lesquels les architectes traduisent les visions des dirigeants dans ces architectures emblématiques des mandats présidentiels successifs peut être assez révélateur des options prises par les politiques. Enfin, identifier ce qui fait sens pour les usagers de la ville, dans les architectures produites à Cotonou par les élites politiques et les techniciennes (dont les architectes) fait partie de cette réflexion.