Thèse en cours

Le droit à l'épreuve de la relocalisation de populations du fait du changement climatique

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Auteur / Autrice : Renedi Kengamu booto
Direction : Sabine LavorelYvan Renou
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit Public
Date : Inscription en doctorat le 18/11/2024
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences juridiques
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de Recherches juridiques

Résumé

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Du fait de leur position géographique, plusieurs États font face aux effets du changement climatique, considéré comme l'un des problèmes majeurs du 21ème siècle. Dans ces États, le changement climatique induit deux principaux risques : la submersion marine, liée elle-même à l'élévation du niveau de la mer, et le risque d'érosion côtière. Face à ces risques littoraux, qui menacent à la fois le territoire, l'écosystème, la sécurité des personnes et des biens, les États mettent en place des mesures d'adaptation du littoral afin de réduire les dommages et les incidences négatives actuelles et futures du changement climatique. Ainsi, de nombreux États ont développé des stratégies d'adaptation aux risques côtiers, qui se sont souvent traduites par la construction d'ouvrages de protection contre les inondations et les submersions marines (digues, enrochement, etc.). Cependant, la pratique a montré que ces ouvrages de protection peuvent s'avérer défaillants face à des phénomènes météorologiques violents, comme l'a illustré le passage de la tempête Xynthia dans la nuit du 27 au 28 février 2010. De plus, des travaux de recherche ont démontré que les solutions techniques, telles que les rechargements des plages, les enrochements, endiguements, les épis etc., ne font que retarder les impacts du changement climatique, perpétuent le risque, créent des effets d'héritage, et entraînent des pertes des biens. La remise en question de l'efficacité de ces solutions techniques a conduit à une redéfinition des politiques publiques de gestion des risques côtiers et au développement de nouvelles stratégies d'adaptation à ces risques, dont la relocalisation de populations, qui est un processus organisé par l'État ou les collectivités locales en concertation avec la population concernée, allant de la prise de décision au déplacement effectif de la population exposée aux risques climatiques avec leurs biens et activités vers un nouveau lieu considéré comme à l'abri des risques encourus dans le but de protéger cette population et ses biens, de renforcer la résilience du territoire, et de donner un espace de respiration aux écosystèmes littoraux. À ce jour, la progression rapide de l'érosion côtière et la forte amplification des submersions marines par le changement climatique ont conduit certains États, tels que les Fidji, les Maldives, le Royaume-Uni, la France, les États-Unis, le Panama, et le Sénégal à recourir à des relocalisations de populations. Cependant, sur le plan de la recherche scientifique, ces relocalisations de populations se sont vu accorder peu d'attention, surtout de la part des chercheurs en droit, alors même qu'elles soulèvent plusieurs questions juridiques. C'est pourquoi la thèse envisagée porte sur l'étude comparative de la relocalisation dans trois États : Le Fidji, la France et le Sénégal. En effet, les Fidji, qui ont une grande expérience en matière de relocalisation, se sont dotées en 2018 de Lignes directrices ministérielles en matière en la matière et en 2023 d'un document servant de standard dans la procédure de relocalisation. En France des relocalisations sont mises en œuvre depuis la stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte en 2012. À ce jour, plusieurs projets de relocalisation sont en cours en métropole comme en Outre-mer. Au Sénégal, des relocalisations ont été envisagées dans la Langue de Barbarie à Saint-Louis depuis 2018, à la suite des houles dévastatrices ayant touché la zone urbaine et causé de milliers de sinistrés. Un « projet de relèvement d'urgence et de résilience (SERRP) » a été mis en place pour reloger définitivement plus de 11 000 personnes sur le site de Djougop à l'intérieur des terres. Cette thèse tend à déterminer les modifications apportées ou susceptibles d'être apportées dans les ordres juridiques fidjien, français et sénégalais du fait du recours à la relocalisation, à identifier les similitudes et les différences existant entre ces trois ordres juridiques en matière de relocalisation et à proposer des standards internationaux de relocalisation qui permettraient de sécuriser les déplacements en faveur de la protection des droits des personnes concernées, comme en faveur d'une plus grande efficacité, à terme, de la relocalisation.