Dynamiques socio-écologiques des pratiques locales de gestion lagonaire en Polynésie française : le rāhui à travers l'espace, le temps et les représentations.
| Auteur / Autrice : | Anuata Tetuanui |
| Direction : | Tamatoa Bambridge, Jean Wencelius |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Anthropologie |
| Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2024 |
| Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches insulaires et observatoire de l'environnement |
| établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Mots clés
Résumé
En Polynésie française, historiquement (période précoloniale), le rāhui fait référence à une interdiction imposée par un chef (arii) ou un aîné sur une zone ou une ressource pour une durée limitée sur le territoire de groupes sociaux fondée sur les liens de parenté (opu feti'i) dont les membres avaient des droits d'usufruit sur ledit territoire et ses ressources (Bambridge, 2016). Aujourd'hui, cette notion est mobilisée pour désigner une multiplicité de dispositifs de gestion allant d'institutions purement communautaires des ressources, à des législations territoriales centralisées, en passant par des dispositifs de co-gestion hybride' (Fabre, 2021). Ces dispositifs sont qualifiés d'hybrides car ils permettent la collaboration entre les communautés locales, possédant des pratiques et savoirs traditionnels liés à leur environnement, et les institutions de gestion et de préservation des ressources telles que le gouvernement, les ONG et les partenaires scientifiques. La caractéristique commune à ces diverses matérialisations du rāhui est la nature temporaire ou cyclique du ou des interdits associés. Le rāhui apparaît ainsi comme un outil idéal permettant la mise en place des dispositifs d'adaptive co-management (co-gestion adaptative) (Hunter et al. 2018) pour atteindre des objectifs ambitieux de préservation des milieux marins tout en les inscrivant dans des démarches de gestion communautaire des ressources respectueuses des contextes socio-culturels locaux et soucieuses de maintenir une pêcherie artisanale productive. L'efficacité écologique des dispositifs temporaires bien que peu documentée à l'heure actuelle fait l'objet de débat parfois houleux entre acteurs soucieux de la protection des ressources et acteurs préoccupés par le maintien de modes de vie polynésiens liés à l'exploitation des ressources halieutiques (Fabre et al., 2022). La recherche d'un équilibre entre objectifs de conservation et de production nous emmène à considérer que l'efficacité de ces dispositifs se doit d'être évaluée tant du point de vue des dynamiques écologiques des milieux et ressources que des dynamiques sociales, culturelles et politiques Le présent projet de thèse a pour ambition d'analyser en mobilisant de façon interdisciplinaire les sciences de la soutenabilité, de la géographie humaine et de la socio-anthropologie comment les dispositifs temporaire et/ou cyclique de gestion hybride des espaces et des ressources lagonaires qualifiés de rāhui en Polynésie française sont des révélateurs des processus de négociations entre parties prenantes par lesquels sont articulés des objectifs, parfois contradictoires, de i) préservation des habitats et ressources lagonaires, ii) de sauvegarde des modes de vie polynésiens liés à la pêche lagonaire et iii) de revalorisation de la culture et de l'identité polynésienne. Afin de répondre à cette problématique j'ancrerai mon analyse autour de deux thématiques clés. D'une part j'explorerai la manière par lesquelles les épistémologies polynésienne, administrative et scientifique pensent et agissent sur la saisonnalité et la temporalité de l'abondance des ressources halieutiques. De l'autre j'analyserai les processus territoriaux sous-jacents à la mise en place de rāhui et la façon dont ils font transparaître les préoccupations écologiques liés à l'environnement marin, les rapports territoriaux matériels et immatériels des polynésiens à leurs espaces lagonaires et les conflits d'usage pour accéder aux espaces et ressources lagonaires. La thèse s'inscrira alors dans une démarche transdisciplinaire afin de produire une recherche utile à la prise de décision publique.