La noblesse idéale : idées politiques et conceptions philosophiques du XIIe au XIVe siècle.
Auteur / Autrice : | Louis De Vasselot |
Direction : | Frédérique Lachaud |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire du Moyen Âge |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Mondes antiques et médiévaux |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Roland Mousnier |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les dernières études sur la noblesse de la période médiévale ont montré qu'elle était moins une réalité constatable ou un statut juridique qu'un concept discuté et théorisé qui, en tant que tel, a trop peu fait l'objet de l'attention des chercheurs. De ce fait, une certaine incompréhension demeure face à la domination finalement peu contestée, à l'époque, de ce groupe formé sur des principes inégalitaires et sur la transmission héréditaire des charges. Pour comprendre les principes de la domination nobiliaire, sans doute était-il insuffisant d'étudier seulement les caractéristiques du groupe social appelé « noblesse ». En effet, le terme nobilitas, avant de désigner un ensemble d'individus, renvoyait à une qualité de l'âme censée prédisposer au gouvernement. La domination sociale des nobiles se voulait, en conséquence, la mise en pratique d'un système politique théorique pensé sur cette base. Or, ce système politique faisait de la noblesse une idée politique, idée qui a été considérablement débattue. Il paraît donc indispensable d'étudier ce que devait être la noblesse en théorie, en faisant pour un temps abstraction de sa réalité matérielle. Le projet se veut être une étude de la noblesse comme idée politique, étude qui viserait avant tout à jauger son impact sur les réalités sociales des XIIe, XIIIe et XIVe siècles, mais pourrait également éclairer la perception du groupe nobiliaire par les hommes de l'époque et l'existence, dans leurs mentalités, d'un système pensé comme bon et profitable à tous, promu indépendamment d'une volonté de justification des inégalités et de la supériorité sociale des nobles. La constatation que certains nobles jouissaient d'une illustre réputation sans la mériter, les essais de redéfinition de la noblesse par les clercs et les liens des textes théoriques avec les notions de chevalerie, de service politique, de courtoisie et de science rendent plus difficiles à saisir les frontières du groupe nobiliaire. Il faudrait donc déterminer en fonction de quel critère un individu était qualifié de « noble ». Les qualités que les penseurs mettaient en avant comme spécifiques à la noblesse et donc différentes du fond habituel de vertus chrétiennes pourraient faire de la noblesse la conformité à un idéal de vie. L'étude entend donc s'intéresser particulièrement aux cas où la seule réputation de noblesse d'une personne conduit à son anoblissement ou à une déchéance. Enfin, il convient de se pencher sur l'élaboration de la conception juridique : est-elle une évolution de la conception vertueuse où le pouvoir royal s'attribue de manière exclusive la capacité de reconnaitre la vertu anoblissante, avec une concession faite à la conception héréditaire, ou bien est-ce l'anoblissement qui était pensé comme une exception et une concession ? Comment les groupes universitaires, nobiliaires et enfin, la société civile a-t-elle perçue cette évolution ? A-t-elle été conçue par ses promoteurs comme une véritable mutation ou comme un simple rétablissement du droit ? Ces nombreuses interrogations se trouvent résumées par la question suivante : Quelle évolution a connu l'idée de noblesse du début du XIIe siècle à la moitié du XIVe siècle dans les milieux intellectuels et courtois de l'espace de langue d'oïl et quel impact les discussions à son sujet ont-elles pu avoir sur les normes et frontières du groupe nobiliaire, sur sa perception et représentation par la société civile mais aussi de son propre point de vue, sur la place de l'idée de noblesse en philosophie politique et dans les théories juridiques, et enfin sur les réalités de l'ordre social de l'époque ?