Les Low-Tech, une culture populaire de l'innovation technique : origine et réappropriation contemporaine de systèmes utiles, accessibles et durables en France et en Belgique
Auteur / Autrice : | Benjamin Dufossé |
Direction : | Loïc Petitgirard, Gilles Garel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences humaines et humanités nouvelles spécialité Sciences, techniques et société |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, CNAM |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Abbé Grégoire |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : HT2S - Histoire des technosciences en société |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Les Low-Tech, par opposition aux High-Tech, sont un ensemble de techniques et de systèmes simples à construire et à réparer, conçus de manière durable et pourvoyant aux besoins essentiels. Distillateur solaire, douche à économie d'eau, vélo-mixeur ou encore « marmite norvégienne » : les Low-Tech visent à économiser les ressources et l'énergie dépensées tout en maintenant un niveau de confort acceptable pour leurs utilisateurs. Le mouvement Low-Tech puise ses racines dans le courant des « Technologies appropriées » qui a émergé aux Etats Unis durant le premier choc pétrolier (Schumacher, 1973). Celles-ci reposaient sur un développement technologique à petite échelle, décentralisé, encourageant l'autosuffisance, la réappropriation des savoirs techniques et le respect de l'environnement (ex: les fours solaires). Depuis une dizaine d'années, les Low-Tech connaissent un renouveau certain, notamment en France, sous l'impulsion d'essayistes comme Philippe Bihouix ou d'associations de recherche et de diffusion comme le Low-Tech Lab. Le courant des Low-Tech, dont les représentants médiatiques sont souvent des ingénieurs (Bihouix, Chatelperron, ), est cependant nourri par des inventions issues d'environnements marginalisés, défavorisés ou populaires. Au travers des exemples des méthodes Jean Pain, du capteur solaire thermique ou du poêle de masse, on peut voir se dessiner une autre histoire des inventions techniques : celle de la critique de la croissance et de l'innovation comme simple « moteur du capitalisme ». En conséquence, comment les Low-Tech contribuent-elles à la création d'une nouvelle culture d'innovation, à la fois vernaculaire, technocritique et durable ? Les Low-Tech et leurs équivalents participent ainsi à la création d'un discours alternatif sur l'innovation, non corrélé à l'idée de croissance économique et techno-critique sans être technophobe. Cette nouvelle forme de l'activité innovante, dont le succès semble favorisé par les crises environnementales et financières, s'appuie sur les savoir-faire des classes populaires, et se diffuse au sein de réseaux marginalisés et décentralisés organisés en « archipel ». Nos hypothèses de travail pourront être les suivantes : - Il existe des écosystèmes de diffusion des innovations techniques à la marge des institutions, des universités et des entreprises. Ces écosystèmes sont construits autour d'une critique radicale du « techno-capitalisme », et organisent la diffusion des connaissances au sein d'un réseau décentralisé très actif mais faiblement régulé. - Il existe des formes d'innovation technologique issues des savoirs paysans et ouvriers, à contre-courant de l'histoire des innovations des classes aisées. - La diffusion des innovations Low-Tech s'effectue avant tout au sein des milieux ruraux, et est facilitée par des crises environnementales locales, sociales ou existentielles Une première partie de l'analyse consistera à retracer l'histoire de plusieurs systèmes Low-Tech, et d'en identifier les conditions d'émergence sur le plan social, intellectuel et environnemental. En particulier, le choix se portera sur trois systèmes de chauffage dont la conception semble dater du XXe siècle : la « méthode Jean Pain », les capteurs solaires à air, et le poêle de masse Rocket. Dans un second temps, l'étude se focalisera sur la diffusion et la réappropriation de ces systèmes au sein de communautés de pratiques éloignées des milieux académiques, en France et en Belgique.