Thèse en cours

La Constitution du travail. Un concept pour penser le droit du travail

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Auteur / Autrice : Guillaume Marie
Direction : Frédéric GeaAuriane Lamine
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit privé et sciences criminelles
Date : Inscription en doctorat le 11/10/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : SJPEG - SCIENCES JURIDIQUES, POLITIQUES, ECONOMIQUES ET DE GESTION
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut François GENY

Résumé

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Le projet de thèse porte sur le concept de constitution du travail. Avec tout d'abord un approfondissement des auteurs l'ayant théorisé (Max Weber, Hugo Sinzheimer, Otto Kahn-Freund ou encore Thilo Ramm) et réactivé de manière contemporaine (Michel Coutu et Ruth Dukes). Puis un recours plus empirique au concept afin de penser voire repenser le droit du travail et plus globalement les relations de travail. La constitution du travail peut se définir, de manière très synthétique, comme les règles fondamentales, d'origine étatique ou extra étatique, qui régissent les rapports de travail, s'inscrivant dans un contexte économique, politique et juridique déterminé. C'est un cadre d'analyse qui permet d'aborder le travail, et surtout son organisation ou ses régimes, sous un angle différent en ne s'intéressant pas seulement au droit du travail mais aussi aux autres phénomènes exerçant une influence sur le travail et sur le droit. Plus globalement, elle permet une étude du travail et du droit qui le régit en les intégrant à la société dans laquelle ils prennent place afin d'appréhender leurs interactions mutuelles. C'est l'utilisation qu'en a eue Max Weber. Il crée un cadre d'analyse afin d'appréhender une relation de travail donnée ainsi que ses évolutions en prenant en compte tous les facteurs qui peuvent l'influencer. Il démontre ainsi que la transformation des relations de travail dans le monde agricole de la fin du 19ème siècle sont influencées par l'évolution du droit du travail, mais aussi par un changement du contexte économique, politique et démographique. La constitution du travail permet également de porter un regard différent sur le droit du travail en le considérant comme une base à la démocratisation de l'économie aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise. C'est la thèse défendue par Hugo Sinzheimer. Selon lui, les lois, et particulièrement les lois sociales, devraient jouer un rôle de démocratisation de l'économie et d'émancipation des travailleurs. Elles assureraient la possibilité aux travailleurs de participer, de manière collective, à la création des normes économiques et fixer le cadre institutionnel dans lequel s'exerce cette participation. L'originalité du sujet tient en grande partie au concept choisi. En effet, l'utilisation du concept de constitution du travail est presque inexistante parmi les juristes de droit du travail, du moins en France. L'originalité de la démarche se retrouve aussi dans l'objectif qui accompagne la constitution du travail : la volonté de porter un regard différent sur le droit du travail actuel mais aussi sur ses évolutions, notamment pour faire face aux défis auxquels le travail est confronté qui sont avant tout écologique, avec le réchauffement climatique, et technologique avec l'avènement de l'intelligence artificielle. Sans doute ne faudra-t-il pas se cantonner à ces deux aspects qui, bien qu'essentiels, ne sont pas les seuls. La recherche d'un régime du travail réellement humain, tel que l'organisation internationale du travail (OIT) l'a proclamé dans sa constitution en 1919, est également une piste à explorer, notamment dans une perspective internationale. Le caractère englobant du concept de constitution du travail implique nécessairement une mobilisation des différentes branches du droit exerçant une certaine influence sur le travail et son organisation : de manière évidente le droit du travail, mais aussi le droit de la sécurité sociale en ce qu'il entretient encore des relations avec le travail, ou encore le droit commercial. Mais aussi de disciplines non juridiques ayant pour objet d'études le travail à commencer par la sociologie. Ce sont d'ailleurs des sociologues qui ont d'abord théorisé le concept avant d'être réactivé par des sociologues du droit. La plupart des juristes se désintéressent de l'approche pluridisciplinaire, particulièrement en France. La constitution semble donc être une porte d'entrée pour l'intégrer dans l'étude des relations de travail.