Thèse en cours

Impact anthropique, changement climatique et effondrement sociétal dans les forêts tropicales mayas au carrefour des hautes terres et des basses terres (Guatemala)

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Auteur / Autrice : Jérémy Höhne
Direction : Isabelle Thery-parisotLydie Dussol
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Prehistoire
Date : Inscription en doctorat le 01/12/2024
Etablissement(s) : Université Côte d'Azur
Ecole(s) doctorale(s) : SHAL - Sociétés, Humanités, Arts et Lettres
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CULTURES ET ENVIRONNEMENTS. PRÉHISTOIRE, ANTIQUITÉ, MOYEN-AGE

Résumé

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Les cités mayas des basses terres méridionales et centrales connaissent leur apogée durant la période dite classique (250-900 n. è.). L'abandon de la plupart d'entre elles entre la fin du 8e siècle et le 11e siècle marque ce qui fut appelé l'effondrement de la civilisation maya. De nombreuses données archéo- et paléoenvironnementales convergent pour montrer que ces abandons surviennent dans un contexte d'accroissement des populations, de probable surexploitation des ressources et de sécheresses récurrentes. Toutefois, la complexité de ce phénomène, son hétérogénéité spatio-temporelle et la variabilité géographique et climatique actuelle de l'aire maya remettent en question l'hypothèse simpliste d'un collapse environnemental généralisé. Deux cités des basses terres méridionales représentent à cet égard un paradoxe. Situées au carrefour des deux entités géographiques et culturelles que sont les hautes terres et les basses terres, les cités de Cancuén et Raxhura (Alta Verapaz, Guatemala) étaient un passage obligé sur les routes d'échange de l'obsidienne et du jade à la période classique récente (650-800 n. è.). Leur abandon brutal vers 800 de notre ère, soit au tout début du collapse maya, pose question. En effet, l'abondance de la ressource en eau dans cette région, soumise à un climat tropical humide et traversée par de nombreux fleuves, suppose que ces cités auraient dû mieux résister aux sécheresses régionales. Par ailleurs, l'occupation très brève de Raxhura et Cancuén (environ 150 ans) nous permet de penser que l'impact anthropique sur le milieu n'a jamais été aussi important que dans le reste des basses terres, occupées dès le premier millénaire avant notre ère. Leur abandon a été corrélé à un changement des routes commerciales en faveur des voies maritimes. Néanmoins, on ignore encore si ce changement économique régional fut une cause ou bien une conséquence de leur chute. À ce jour, ces deux sites n'ont pas fait l'objet d'études paléoenvironnementales systématiques. Ainsi, la question d'un facteur climatique ou environnemental à l'origine de leur effondrement précoce reste irrésolue. Pour combler cette lacune et apporter de nouvelles données au débat sur l'effondrement des Mayas, ce projet doctoral s'intéressera aux rapports sociétés-forêts-climat à Cancuén et à Raxhura, à travers une approche anthracologique systématique (étude des charbons de bois archéologiques) couplée à une étude exploratoire du rapport isotopique du carbone (13C) dans les charbons archéologiques comme marqueur des conditions d'humidité locales. On cherchera à caractériser les usages des bois de feu, les pratiques agroforestières et l'ampleur de l'impact anthropique sur les forêts à la fin de la période classique. Si notre étude exploratoire du signal isotopique est concluante, l'évolution du 13C dans les charbons sera combinée à celle de la composition floristique des boisements pour proposer une reconstitution paléoclimatique locale. Enfin, la comparaison de ces deux sites, distants d'une vingtaine de km, et leur confrontation aux autres données régionales, permettront de distinguer les phénomènes attribuables aux choix humains de ceux relevant de changements environnementaux. Ce projet doctoral s'inscrit dans le Projet archéologique régional Raxruha-Cancuén (2016-2026, MEAE, UMR 8096 ArchAm) et dans le programme PAST-FORCE (2025-2028, ANR-24-CE27-2043, CEPAM).