Les droits des personnes intersexuées.
Auteur / Autrice : | Narcisse Kouakou |
Direction : | Hugo-Bernard Pouillaude |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 12/09/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : MIL - Marchés, Institutions, Libertés |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
TITRE: Les droits des personnes intersexuées. INTRODUCTION Mes recherches en master 2 sur la question de l'admission d'un troisième genre en droit français ont révélé l'urgence de l'intervention des autorités politiques et législatives. D'où la nécessité d'un approfondissement de la question des droits des personnes intersexuées. Une personne intersexuée ou intersexe est une personne née avec une variation des caractéristiques sexuelles. Elles présentent en effet des caractéristiques sexuelles qui se distinguent des normes « de la personne dyadique », permettant de déterminer les sexes masculin et féminin. Dans une législation soumise à la binarité, telle que la notre (la législation française), les enfants nés intersexués sont soumis à des actes de conformation sexuée. Les actes de conformation sexuée sont des opérations chirurgicales destinées à assigner les enfants nés intersexes, en tant que garçon ou fille. Ces enfants subissent de graves violations de leurs droits. Notre projet de de recherche comportera quatre (4) parties à savoir le contexte générale (I), la problématique (II), la méthodologie (III) et les résultats attendus (IV). LE CONTEXTE DE LA RECHERCHE Depuis le XIXe, le développement de la médecine a conduit à la pratique sur les enfants intersexués, des opérations chirurgicales destinées à leur assignation en tant qu'homme ou femme. Chaque année, dans le monde, environ 1,7% des enfants naissent intersexués et au moins 13600 enfants intersexes naissent en France par an. Seulement une minorité de ces enfants est atteinte d'affections médicales mettant en danger leur santé. Par conséquent, les actes de conformation sexuée pratiqués sur eux sans distinction des cas pathologiques ou non et surtout durant leur jeune âge constituent des violations très graves d'une pluralité de leurs droits, notamment leurs droits à l'intégrité physique et morale et leur droit à la vie privée Depuis quelques années, de plus en plus de personnes concernées dénoncent ces violations de droits. Par ailleurs des associations, des chercheurs et divers défenseurs des droits de l'homme tels que la Fondation Jean Jaurès, Benjamin Moron Puech et Marie Xavière Catto tentent de faire barrière à ces traitements en les dénonçant à travers des écrits et des actions. Les autorités judiciaires et législatives tentent d'apporter des solutions à cette question. Ainsi le tribunal de grande instance de Tours a reconnu la possibilité de faire substituer la mention «de sexe neutre » à la mention « de sexe masculin » inscrite dans l'acte de naissance d'un intersexué. Et, l'article 57 alinéa 2 permet temporairement de déclarer, à état civil, un enfant né intersexe sans mentionner son sexe. Ces efforts demeurent insuffisants. À ce jour, dans notre législation, l'enfant né intersexe est nécessairement assigné à l'un des sexes de la binarité (masculin ou féminin) suite à des actes de conformation sexuée. Or pour qu'une opération chirurgicale soit pratiquée sur une personne la loi exige une nécessité médicale pour cette dernière, ou à titre exceptionnel, un intérêt thérapeutique pour autrui. Dans ces deux cas, il est exigé le consentement initial de la personne sur qui ces actes chirurgicaux sont pratiqués. Il importe, par conséquent, de mener une étude approfondie sur les droits des personnes intersexuées. LA PROBLÉMATIQUE L'étude complète de ce sujet implique de se pencher sur un ensemble d'interrogations au regard de divers domaines du droit: Au regard du droit de la santé ainsi que du droit civil, les actes de conformation sexuelle réalisés par les professionnels de santés sur les enfants intersexes afin de faire correspondre leur sexe biologique à la binarité sont-ils réellement justifiés? Au regard du droit public, la responsabilité des préjudices subis par les personnes intersexuées incombe t-elle aux professionnels de santé ou à l'Etat, ou aux deux? Quelle pourrait-être la responsabilité de l'Etat vis à vis des conséquences des actes de conformation sexuée? Sur le plan de la sociologie du droit: La population française pourrait-elle rejeter des personnes de genre différent du masculin et du féminin? Au regard du droit communautaire: Le défaut de consensus au niveau communautaire, sur l'admission d'un troisième genre pour certains ou un troisième sexe pour d'autres, n'est-il pas un obstacle au respect des droits des personnes intersexuées en interne? Toutes ces interrogations convergent vers une analyse approfondie et complète des droits des personnes intersexuées. Les droits des personnes intersexuées sont-ils effectivement respectés dans notre législation? Une admission d'un troisième genre dans notre législation ne serait-elle pas envisageable? LA MÉTHODOLOGIE L'originalité de mon travail consistera à approfondir l'analyse des droits des personnes intersexuées et à proposer, pour la première fois en France, l'admission d'un troisième genre comme une solution efficace pour le respect et la protection de ces droits. Les différents articles, recommandation et travaux de thèses déjà réalisés sur cette question ont plus été axés de façon générale, sur l'illicéité des atteintes à l'intégrité physique et morale commises sur les enfants intersexes afin de les conformer à la binarité de genre (homme/ femme). Par conséquent, ces travaux ne recouvrent pas le champ de ma recherche. Le choix de l'orientation de ma recherche s'explique par diverses raisons telles que l'évolution des murs dans notre société à travers l'admission du mariage pour tous, l'adoption ouverte à tout couple marié et non séparé de corps, pour ne citer que celles-ci. L'études des droits des personnes intersexuées traduit la recherche de l'inclusion de toutes les minorités. Et l'admission d'un troisième genre dans notre législation ne saurait constituer, sur aucun plan, un trouble à l'ordre de notre société. La première année de ma thèse sera consacrée au recueil d'informations en rapport avec tous les droits des personnes intersexuées qui sont violés en l'état actuel de notre législation, et les informations relatives à la binarité et à la non binarité. Le but recherché étant de réunir les données nécessaires à l'analyse de tous les tenants et aboutissants de l'admission d'un troisième genre en droit français. Cette phase durera environ dix (10) mois, au cours desquels, je m'attellerai, avec l'aide de mon directeur de thèse, à recenser tous les droits faisant l'objet de violation à l'égard des personnes et tous les obstacles socio-juridiques auxquels pourrait se heurter l'abandon de la binarité de genre. L'objet à court terme visé est de pouvoir confirmer ou infirmer les différentes questions ou hypothèses posées dans ma problématique. Ce recueil d'informations se réalisera entre autres au sein de laboratoires de droit, à partir des ouvrages, des documents électroniques, des séminaires, des colloques, des entretiens avec des professionnels de santé et les populations françaises, mais également par un ou plusieurs stages éventuellement. Le but étant d'effectuer un travail de recherche de manière sérieuse en confrontant mes résultats de recherche avec la pratique, la réalité. Les années suivantes seront consacrées à l'établissement du plan et à la rédaction de ma thèse. Tout mon travail de thèse va s'étendre sur 4 ans maximum. C'est à dire de la rentrée universitaire 2024-2025 jusqu'à la fin de l'année universitaire 2027-2028 au plus tard. Cette recherche a pour but de permettre une réelle inclusion de toutes les minorités , les personnes intersexuées en l'occurrence et une réelle égalité et liberté dans notre société telle que prescrite et protégée par notre constitution. Elle est en parfait accord avec mon projet professionnel qui est la profession d'enseignant en droit. LES RESULTATS ATTENDUS Le but principal de notre recherche consiste à permettre une réelle inclusion des personnes nées intersexuées, à travers la recherche de la reconnaissance et du respect effectifs de leurs droits. Pour atteindre ce but, il importe de: -Démontrer que la binarité du genre est une source de violation de divers droits des intersexués. -Analyser le cadre juridique des actes de conformation sexuée. -Analyser la question de la responsabilité relativement aux préjudices subis par les enfants intersexués du fait du défaut de reconnaissance juridique de leur intersexualité. Nous effectuerons également une analyse de droit public institutionnel dans la mesure où, depuis la loi bioéthique de 2021, ces enfants sont pris en charge par des centres de référence des maladies rares spécialisés. -Faire une brève analyse de droit comparé au regard des pays ayant adopté un troisième genre/ un troisième sexe. -Démontrer que la législation en vigueur n'est pas nécessairement et complètement en contradiction avec une admission d'un troisième genre. Tous ces éléments me permettront de proposer aisément une extension et un renforcement de la législation actuelle, en rapport avec l'intersexualité. V. BIBLIOGRAPHIE - Marie-Xavière Catto, « La loi de la bioéthique et les intersexes : contraindre les médecins ou conférer un cadre à leurs pratiques », Journal du Droit de la Santé et de l'Assurance - Maladie (JDSAM), 2022/2, n° 32, p. 53. DILCRAH, le respect des droits des intersexués, 09/07/2021 Conseil de l'Europe, Assemblée parlementaire, 12 octobre 2017, Résolution 2191 Assemblée Nationale française, Table ronde portant sur les mutilations subies par les personnes intersexuées à leur naissance, 22 janvier 2019. Table ronde portant sur les mutilations subies par les personnes intersexuées à leur naissance, 22 janvier 2019, Intervenants :M. Blaise Meyrat, professeur, chirurgien pédiatrique au centre hospitalier universitaire vaudois (Suisse) ; Le collectif Intersexe ;L'association GISS (groupement d'information et de soutien sur les questions sexuées et sexuelle. Conseil de l'Europe, Assemblée parlementaire, Promouvoir les droits humains et éliminer les discriminations à l'égard des personnes intersexes, 12 octobre 2017, Résolution 2191, (35e séance) (voir Doc. 14404, rapport de la commission sur l'égalité et la non-discrimination, rapporteur: M. Piet De Bruyn). Texte adopté par l'Assem- blée le 12 octobre 2017 (35e séance). Voir également la Recommandation 2116 (2017), sur assembly.coe.int. Droit de l'homme et personnes intersexes, élaboré par Silvan Agius, membre" du Bureau du Comité directeur pour la cohésion sociale, la dignité humaine et l'égalité (CDDECS) et ancien directeur des politiques de la branche européenne de l'Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (ILGA-Europe), publié par le le Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, page 19, consulté le 19/06/2023 Cass. civ., 1, 4 mai 2017, n° 16-17.189 CEDH, 26 Avril 2022, M. contre France, n°42821/18 Jugement du tribunal de grande instance de Tours, tiré de DROIT DES PERSONNES Troisième sexe ?: rectification de l'acte d'état civil en faveur de la mention « sexe neutre », publié sur Dalloz étudiant , le 22 octobre 2015 Aricle 57 alinéa 2 du code civil, issu de la loi n°2021-1017 du 2 août 2021- art 30 (V) Lecture combinée des articles 16-3 du code civil alinéas 1 & 2 du code civil et article 1111-4 alinéas 2,4 & 5 du code de la santé publique. LOI n° 2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux couples de personnes de même sexe, Legifrance. Art. 343 du code civil modifié par Ordonnance n°2022-1292 du 5 octobre 2022 - art. 4