Thèse en cours

Décrypter la banalité des paysages des espaces suburbains des petites et moyennes villes du territoire lorrain.

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Auteur / Autrice : Pierric Calenge
Direction : Simon EdelblutteJean Charles Edouard
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Géographie
Date : Inscription en doctorat le 04/10/2024
Etablissement(s) : Université de Lorraine
Ecole(s) doctorale(s) : HNFB - Humanités Nouvelles-Fernand Braudel
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LOTERR (Géographie)

Mots clés

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Résumé

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Il existe une contradiction apparente dans les petites et moyennes villes entre l'expansion périurbaine, la crise perçue des centres-villes et la recomposition des espaces productifs, qui pose la question de la durabilité d'une forme d'urbanité critiquée, notamment à travers ses paysages (« la France moche »), mais largement pratiquée. La suburbanisation des moyenne et petite villes peut-être comprise comme une dynamique spatiale englobant banlieue (extension en contact avec la partie centrale de la vile) et espaces périurbains (extension au-delà de la tache urbaine). La suburbanisation, souvent assimilée à la seule périurbanisation, peut-être entendue non seulement comme le processus d'extension des banlieues résidentielles constituées de pavillons individuels, mais comme un mouvement d'émergence d'un espace urbain organisé par et pour les mobilités automobiles, sur le plan résidentiel, commercial et productif. Cette dynamique spatiale n'est définie presque que par la négative, en particulier le développement de paysages ordinaires, parfois qualifiés de banals si ce n'est de « moche » par la presse. Pour les petites et moyennes villes concernées, le phénomène est d'autant plus critiqué qu'il représente une contradiction apparente avec une crise, beaucoup plus marquée que dans les grandes villes, de leur centre, dont le paysage présente alors des stigmates d'une déprise, et de leur base productive de plus en plus réduite et diluée dans des Zones d'Activités Économiques archétypes de la banalité paysagère. Il s'agit pourtant d'un modèle d'expansion dynamique et porté par les rêves de propriété des classes moyennes, les élus locaux, les promoteurs, les acteurs du commerce, de l'artisanat et de l'industrie, qui bouscule nos conceptions de l'organisation de l'espace et de la place petites et moyennes villes. De plus les paysages qui y sont produits, qualifiés de banals, sont en fait le cadre visible de la vie quotidienne de millions de citoyens. Inversement, l'attachement aux centres-villes aux paysages plus spécifiques, parfois protégés, n'enraye pas leur appauvrissement social et fonctionnel. Hypothèses de départ : 1. La suburbanisation ne concerne pas que les grandes villes, c'est une dynamique spatiale et un habiter singulier qui embrasse en fait tout l'espace français dont les petites et moyennes villes. 2. La suburbanisation trouble autant la définition du rural (car l'habiter rural à proprement parler n'existe plus) que de l'urbain (car la centralité urbaine n'est plus une nécessité), ce qui questionne la place des petites et moyennes villes, mais aussi la conception de leur centralité urbaine. 3. La suburbanisation produit un paysage ordinaire, du quotidien, réitéré, mais présenté péjorativement (banalité). 4. Les petites et moyennes villes sont prises dans une double suburbanisation : polarisées pour une part par les métropoles régionales, elles connaissent aussi des formes endogènes de périurbanisation dans des bassins de vie et de production locaux. Le contexte de la région Lorraine est pertinent pour analyser cette dynamique. Problématique (provisoire) : Comment la suburbanisation des petites et moyennes villes du territoire Lorrain génère-t-elle des territoires suburbains et des paysages ordinaires - voir banals - qui remettent en cause les représentations traditionnelles des centralités ? Existe-t-il une spécificité en matière de suburbanisation et de production paysagère dans les petite et moyenne villes par rapport aux grandes villes ? Démarche de recherche : L'objectif de cette thèse est de relier la suburbanisation à la crise perçue des centres des villes petites et moyennes, en considérant qu'il s'agit là d'une logique d'ensemble qui génère de nouveaux territoires suburbains aux paysages finalement plus spécifiques que véritablement banals et qui seront décryptés, c'est- à-dire présentés, contextualisés, analysés et discutés. Il s'agit donc de mettre en évidence ce qui concourt au dynamisme des territoires suburbains, à leur territorialisation, face aux centres traditionnels et historiques qui ressemblent parfois à des coquilles vides témoins d'une urbanité qui n'existe plus au-delà de quelques fonctions symboliques. Justification du terrain d'étude : Le territoire lorrain, ancienne région administrative depuis 2016 au sein du Grand Est, a l'avantage d'être structuré autour d'un axe urbain fort et facile à identifier : le Sillon Lorrain, d'Épinal à Thionville en passant par Nancy et Metz. Ceci permet d'analyser assez aisément les moyennes et petites villes en fonction de leur distance à cet axe. Ces petites et moyennes villes y tiennent effectivement une place particulière : alors que leur rôle de relais polarisateur – traditionnellement associé à la ville-centre – semble être entré dans un déclin irréversible, elles demeurent un support privilégié d'urbanisation et d'activité. La contradiction entre ces fonctions centrales et l'expansion périurbaine y est plus manifeste que dans les métropoles régionales. Les villes retenues (liste évolutive) sont : Pont-à-Mousson ; Bitche ; Rambervillers ; Saint-Avold ; Longwy ; Sarrebourg.