Imaginaires contemporains de la sorcière dans les arts visuels hispaniques : transmission et (re)construction des matrimoines régionaux

Contemporary imaginaries of the witch in Hispanic visual arts: transmission and (re)construction of regional heritages

• Auteur / Autrice : Juliette Guy
• Direction : Pascale Peyraga, Christelle Colin
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Hispanophone
• Date : Inscription en doctorat le 09/09/2024
• Etablissement(s) : Pau
• Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Sociales et Humanités
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Arts/Langages : Transitions et Relations

Mots clés

Mots clés libres

Sorcières

Imaginaires

Matrimoine

Witches

Imaginary

Women's cultural heritage

Résumé

Ce projet de thèse prend appui sur les réflexions philosophiques de C. Merchant, S. Federici et A. Puleo selon lesquelles le statut actuel des femmes résulte d'une construction mentale et sociale des XVIe et XVIIe siècles, définissant les femmes comme des sorcières en puissance et légitimant juridiquement des milliers d'exécutions par l'Inquisition. Or, ces dix dernières années ont vu fleurir, de part et d'autre des Pyrénées, des expositions photographiques, des films et des manifestations culturelles qui reprennent ces faits historiques et mettent en tension les femmes dissidentes ou savantes (figures de l'« altérité menaçante ») et un ordre patriarcal répressif. Cette thèse vise à analyser les ré-élaborations et les ré-activations contemporaines de l'imaginaire des sorcières dans les arts visuels hispaniques ainsi que la complexité de cette figure ou encore son utilisation et/ou sa réhabilitation pour construire un discours écoféministe, féministe et/ou identitaire régional, notamment dans le Nord de l'Espagne. Il s'agira par ailleurs, grâce à une approche multidisciplinaire au carrefour entre cinéma, arts visuels et anthropologie, de dégager les liens et/ou la tension entre l'objet historique, l'évolution des imaginaires, les réinvestissements multiples ou encore la territorialisation de la figure sorcellaire. Cette thèse étudiera encore la capacité des arts visuels à questionner un héritage culturel dominant pour réhabiliter un « matrimoine » culturel et régional invisibilisé et co-construire un imaginaire résiliant, respectueux des différences, dans un monde contemporain en proie aux féminicides et à de nouvelles formes de « chasse aux sorcières ». Pour compléter l'analyse de la (re)-construction des matrimoines régionaux, une étude de terrain sera menée sur les activités culturelles en lien avec la thématique des sorcières dans les différents territoires identifiés (notamment en Navarre, en Aragon, au Pays basque et aux Canaries) afin de dégager les modalités de médiation culturelle et de transmission de cet héritage culturel féminin.

This thesis project is based on the philosophical reflections of C. Merchant, S. Federici and A. Puleo. Puleo, who argue that the current status of women is the result of a mental and social construct of the sixteenth and seventeenth centuries, which defined women as potential witches and gave legal legitimacy to thousands of executions by the Inquisition. Over the last ten years, photographic exhibitions, films and cultural events have flourished on both sides of the Pyrenees, revisiting these historical facts and setting dissident or learned women (figures of ‘threatening otherness') against a repressive patriarchal order. The aim of this thesis is to analyse the contemporary re-elaborations and re-activations of the imaginary of witches in the Hispanic visual arts, as well as the complexity of the figure of the witch, which is increasingly recuperated to construct an ecofeminist, feminist and/or regional identity discourse, particularly in northern Spain. Using a multidisciplinary approach at the crossroads of cinema, visual arts and anthropology, the links and tensions between the historical object, the evolution of the imaginary, the multiple reinvestments and the territorialisation of the witch figure will also be explored. This thesis will also study the capacity of the visual arts to question a dominant cultural heritage in order to rehabilitate an invisible cultural and regional ‘heritage' and co-construct a resilient imagination that respects differences, in a contemporary world prey to feminicide and new forms of ‘witch-hunting'. As well as analysing the (re)construction of regional heritages, a field study will be carried out on cultural activities linked to the theme of witches in the different territories identified (in particular Navarre, Aragon, the Basque Country and the Canaries) in order to identify the methods of cultural mediation and transmission of this female cultural heritage.