Thèse en cours

Responsabilité civile et proportionnalité

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Tiphaine Simand
Direction : Céline Mangematin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit
Date : Inscription en doctorat le 07/10/2024
Etablissement(s) : Université Toulouse Capitole
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Droit et Science Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : IDP - Institut de Droit Privé

Résumé

FR  |  
EN

La proportionnalité est une notion qui peut être appréhendée de deux façons différentes. D'une part, elle peut renvoyer au contrôle de proportionnalité tirant ses origines du droit européen. Ce mécanisme, qui s'est progressivement imposé en droit interne, permet au juge d'apprécier si l'application de la solution légale ne viendrait pas porter une atteinte disproportionnée à un droit ou une liberté fondamentale. Cette acception peut être confrontée au droit de la responsabilité civile, ce dont atteste l'article 1221 du Code civil qui dispose que « le créancier d'une obligation peut, après mise en demeure, en poursuivre l'exécution en nature sauf si cette exécution est impossible ou s'il existe une disproportion manifeste entre son coût pour le débiteur de bonne foi et son intérêt pour le créancier ». En ce sens également, plusieurs arrêts récents de la Cour de cassation se réfèrent explicitement à la proportionnalité tant en matière contractuelle qu'en matière extracontractuelle. De manière prospective, l'avant-projet de réforme de la responsabilité civile de 2017 fait aussi référence à la proportionnalité. Il est ainsi prévu à l'article 1261 que la réparation en nature ne peut être ordonnée en cas de « disproportion manifeste entre son coût pour le responsable et son intérêt pour la victime ». Les enjeux du sujet apparaissent alors nettement. D'abord, la proportionnalité amène à réfléchir de nouveau sur la distinction entre les responsabilités contractuelle et extracontractuelle dès lors que cette notion peut être à l'origine d'une réduction, ou au contraire, d'un accroissement de ladite distinction. Ensuite, la proportionnalité invite à des questionnements importants sur le principe fondamental de réparation intégrale. En ce sens, peut-on intégrer un principe de proportionnalité en responsabilité civile ? A fortiori, peut-on accepter de confronter les intérêts d'une victime à ceux d'un responsable et si oui, comment ? De même, la proportionnalité interroge sur la place du juge en droit de la responsabilité civile. Est-il possible de redonner plus de place au juge alors que le souhait d'une réforme procède de la volonté de codifier des règles jurisprudentielles auxquelles on reproche leur inaccessibilité et leur illisibilité ? D'autre part, la proportionnalité peut être appréhendée de façon plus large sur les rapports de proportion qui peuvent ou doivent gouverner le droit de la responsabilité civile. Ainsi est-il permis de réinterroger le rapport de proportion entre les dommages et intérêts prononcés avec le préjudice subi – classiquement – mais aussi avec les bénéfices réalisés par le responsable grâce à son illicéité ou encore avec la gravité de sa faute. C'est alors interroger cette proportion au sein du droit commun mais aussi au sein de régimes spéciaux comme le droit de la contrefaçon ou le secret des affaires. C'est aussi se pencher à nouveau sur le traitement qui pourrait être fait, dans le futur, des fautes lucratives. Plusieurs projets de réforme abordent ce problème non résolu des dommages et intérêts punitifs dont le montant serait proportionné à la gravité de la faute ou à la hauteur des profits réalisés par l'auteur de la faute.