La représentation des technai sur les céramiques figurées de Grande-Grèce aux IVe et IIIe siècles av. J.-C.
Auteur / Autrice : | Maiwenn Tonna |
Direction : | Claude Pouzadoux, Evelyne Prioux |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire et archéologie des mondes anciens |
Date : | Inscription en doctorat le 20/09/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologies et Sciences de l'Antiquité |
Mots clés
Résumé
De nombreuses études ont été consacrées aux représentations des technai sur la céramique attique, avec un intérêt particulier pour les images d'ateliers de potiers ou de sculpteurs. Ce n'est en revanche pas le cas pour la céramique italiote production des contextes hellénisés de la Grande-Grèce. Au cours du IVe siècle av. J.-C., les professionnels des arts structurent le discours sur leurs pratiques pour valoriser les différents savoirs artistiques, tant du point de vue de la technique que de la théorie. Le terme technè (savoir-faire, habileté de quelqu'un à créer une uvre) englobe tout ce qui s'apparente à des compétences techniques. Le terme technai désignait dans l'Antiquité aussi bien les productions d'un artiste que celles d'un artisan, alors que nous les distinguons aujourd'hui en nous basant sur des conventions modernes. Dans l'Antiquité, la notion de technè recouvre aussi bien le domaine des arts figurés que celui des arts poétiques disciplines qui sont comparées entre elles dans les sources -, mais elle s'applique aussi à des savoirs pratiques et théoriques tels que la médecine, la navigation, l'art divinatoire Alors que les auteurs antiques ont exprimé leurs conceptions sur différentes technai, ils ont accordé peu d'attention en revanche aux peintres de vases et à leur éventuelle culture, en raison de leur statut qui pouvait être perçu comme peu prestigieux. L'abondance des images, la qualité des représentations et des techniques utilisées par certains peintres italiotes ne doivent pourtant pas être ignorées. Elles montrent qu'ils ont réfléchi à leur art et transposé leurs réflexions en image. L'utilisation des ressources de la palette tétrachromatique (blanc, jaune, rouge, noir) révèle le goût esthétique de ces peintres pour la couleur et leur volonté de créer des mélanges et des contrastes qui favorisent des jeux de lumière et la tridimensionnalité. Elle nous permet aussi d'identifier des matériaux. Le sujet novateur des objets isolés pose la question de l'intérêt des commanditaires et des peintres pour leur symbolique ou encore leur aspect. Ces derniers auraient ainsi cherché à représenter la matière même des matériaux, mais aussi la technè des artistes, comme celle d'un joaillier à travers l'image d'une boucle d'oreille. Ces pratiques renvoient à deux questions centrales du discours critique sur l'art : d'une part la notion de mimésis (faculté d'imiter) qui est la base de la réflexion sur l'esthétique antique et représente une notion-clé pour l'apprentissage, d'autre part l'auto-valorisation des peintres qui montrent l'excellence de leur propre technè à travers l'imitation de celles des autres arts. Je me concentrerai aussi sur la présence de l'écriture sur les vases, notamment la signature, qui permet à l'artiste de se glorifier, mais aussi les inscriptions en grec qui indiquent leur maîtrise de la langue. L'objectif est de savoir si on peut déceler une réflexion sur les technai de la part des peintres de vases à travers les représentations qu'ils en donnent. Pour mener à bien cette recherche, je constituerai un corpus de recherche comprenant des céramiques à figures rouges et des céramiques surpeintes polychrome produites en Grande-Grèce aux IVe siècle et IIIe av. J.-C. Il présentera les diverses technai identifiées, afin d'en saisir les caractéristiques iconographiques relatives à chacune d'entre elles. Cela donnera lieu à la création d'un thesaurus des techniques artistiques comprenant des images métapicturales, comme celle du marteau pour les forgerons. Cette approche s'appuiera aussi sur les sources littéraires qui permettent de comprendre le point de vue des auteurs du IVe siècle et du début du IIIe siècle av. J.-C. sur les critères d'excellence des arts et des métiers artisanaux. Elle sera complétée par une étude des realia découvertes en contexte archéologique que je confronterai aux représentations peintes sur les vases.