Le sport paysan et le pouvoir soviétique. Socio-histoire d'une transformation culturelle dans la République Socialiste Soviétique de Géorgie (1930 - fin des années 1960).
Auteur / Autrice : | Vincent Glachant |
Direction : | Olivier Le noe |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire du monde contemporain |
Date : | Inscription en doctorat le 24/09/2024 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : ISP - Institut des Sciences sociales du Politique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
L'objectif de cette recherche est d'analyser le développement des activités physiques et sportives dans les kolkhozes géorgiens entre 1930 et les années 1960. J'entends traiter des dispositifs mis en place par l'administration des sports, qui encourage la création de collectifs de culture physique afin d'assurer une forme de préparation au service militaire. Cet optique utilitariste se traduit par des activités devant annoncer les futures occupations des conscrits, comme l'athlétisme, le tir ou de l'équitation. Ces remarques valent à la fois pour les urbains et les ruraux. Là où la situation des campagnes s'écarte de celle des centres urbains, c'est que ces politiques ambitieuses y rentrent en contradiction avec une situation matérielle largement dégradée à la suite de la collectivisation des terres et de l'instauration du système kolkhozien. Cet écart entre les objectifs et les moyens sera au cur de ce projet doctoral. Par conséquent, je traiterai de l'évolution de ces politiques de mise au sport entre 1930, date du début de la collectivisation, et la fin des années 1960, moment où les mesures discriminatoires à l'égard des kolkhoziens sont progressivement levées. A l'étude de cette politique publique, cette approche par le haut, je souhaite joindre une approche par le bas, en m'intéressant aux pratiques dites autoorganisés, c'est à dire de celles qui savent à s'affranchir du cadre étatique et qui s'inscrivent davantage dans une logique récréative qu'utilitariste : on pensera à la popularité de sports collectifs modernes, importés des villes, ou à celles des jeux traditionnels, dont la pratique perdure dans les campagnes. De la sorte, je pourrai interroger la manière dont communiquent culture urbaine et culture rurale communiquent en Union Soviétique. Alors que la science historique s'évertue à montrer les connexions entre ville et village, les historiens de l'URSS restent en grande partie prisonniers de la catégorisation binaire proposée par le pouvoir soviétique, prompt à affirmer la différence fondamentale entre des villes, forteresse du socialiste et des campagnes, restées à l'âge féodal. Cette proposition suggère, au contraire de remettre en cause non pas l'antagonisme, mais la frontière entre urbanité et ruralité par l'étude d'un objet culturel. Il s'agira aussi d'apporter une contribution à l'histoire du sport, qui est jusqu'ici essentiellement une histoire urbaine. Cela est dû en grande partie au biais ouvriériste de l'historiographie qui a essentiellement analysé le sport comme vecteur de la formation de la culture de la classe ouvrière. Ce projet de recherche suggère au contraire de réaliser l'étude d'un sport paysan, afin de saisir es transformations du rapport au corps dans les campagnes, et ce dans une période qui voit s'opérer qui voit s'opérer deux transformations économiques majeures. D'un côté une modification des données du travail lié à sa mécanisation, ce qui offre davantage de temps aux paysans, et de l'autre un exode rural qui réduit la quantité de main d'uvre disponible et qui brise que les sociabilités que les pratiques sportives reproduisent incidemment. Il s'agira donc d'étudier par le sport les transformations sociales des campagnes au XXème siècle. Cela permettra de renouveler les perspectives de recherche sur l'Union Soviétique, dont les campagnes ne restent que peu étudiées, si ce n'est sur un cadre spatio-temporel réduit à la période de la collectivisation des terres en Ukraine et en Russie, là où je propose un de réaliser une étude au long cours, sur un espace plus réduit, la Géorgie, qui n'a jusqu'ici guère suscité de travaux d'histoire sociale.