La représentation et le rôle des « invisibles » (femmes, enfants et animaux) dans les rites funéraires et sacrificiels pré-chrétiens en Scandinavie.
Auteur / Autrice : | Tatiana Hugo |
Direction : | Catherine Guyon, Pierre-Brice Stahl, Sarah Croix |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Inscription en doctorat le 16/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Lorraine |
Ecole(s) doctorale(s) : | HNFB - Humanités Nouvelles-Fernand Braudel |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRULH - Centre Régional Universitaire Lorrain d'Histoire |
Résumé
Le rituel est un concept composé d'une séquence d'actions symboliques codifiées et organisées dans le temps et l'espace, qui sont étudié par les sociologues, historiens, anthropologues, ethnologues, psychologues. En effet, toutes les communautés sociales se sont constituées par des formes ritualisées d'interactions et de communication verbale et non verbale. Les rites renvoient à un culte religieux et à une coutume fixée par une tradition, il s'agit d'une répétition d'occasion, chargé de signification puisque le respect de la règle garantit l'efficacité du rite et il recèle une dimension collective, marquant la vie sociale et les périodes importantes d'une société. Les études sur le genre désignent les processus sociaux et la construction sociale, ce qui permet ainsi de décrire et d'analyser la réalité des organisations et des structures sociales, notamment les rôles, les comportements, les interactions, les expressions et les identités codifiés par la société. De ce fait, la question du genre contribue à une explication du social par le social. Ainsi, l'approche pluridisciplinaire, comprenant l'histoire, l'archéologie, l'anthropologie, la sociologie et l'ethnologie, permet de comprendre les faits sociaux qui régissent les sociétés à travers le prisme du genre. Les femmes scandinaves ont une réelle influence dans la société scandinave, non seulement dans la structure interne et externe du foyer, mais aussi dans les divers aspects de la vie publique. Ainsi, la place et le rôle occupés par la femme scandinave sont multiples et se caractérisent selon différents prismes complémentaires, témoignant de son importance et de son ancrage actif dans la société scandinave, mais elle n'en reste pas moins un individu « subordonné », puisqu'elle n'est pas entièrement l'égale d'un homme et que ce dernier demeure un élément nécessaire à certaines actions et activités de la femme. En effet, les sources mettent en évidence le rôle actif de la völva comme pilier de la société, puisqu'elle est traitée avec le plus grand des respects et sollicitée en cas de catastrophes naturelles ou d'épidémies, ce qui fait d'elle un membre puissant de la société. En outre, la völva semble participer aux rites funéraires et sacrificiels, comme le suggère Ahmad Ibn Fadlân, dans Risâlat (Voyage chez les Bulgares de la Volga), où une völva sacrifie une esclave lors d'un rite funéraire en l'honneur un chef décédé. De plus dans la société scandinave, où le problème de vie et de survie est essentiel, et où la perpétuation de la famille et du clan est primordiale, les enfants sont non seulement bienvenue, mais aussi un objet de sollicitude. En effet, les enfants sont présents dans les rites puisqu'ils sont d'une part l'objet du rite, comme l'atteste les rituels lors d'une naissance ou les tombes d'enfants retrouvés à proximité ou sous les foyers scandinaves, et d'autre part de potentiel spectateurs des rites, ou encore être des apprentis auprès d'une völva, qui leur transmet le savoir religieux. Les animaux, quant à eux, possèdent une place particulière dans la société scandinave, dans la mesure où ils sont non seulement considérés comme symboles de protection, de courage et de force, mais aussi offerts en sacrifice aux dieux et accompagnent les défunts au sein de l'un des royaumes des morts, faisant donc office de psychopompes. De plus, certains Scandinaves vont mêmes nommer leurs enfants d'après le nom d'un animal, comme Björn signifiant « ours », ou Úlf se traduisant par « loup ». De ce fait, les anciens Scandinaves non seulement accordent une valeur particulière à la représentation des animaux comme porte-bonheur, mais essaient aussi, par l'attribution du nom, de transmettre les qualités de l'animal à l'enfant qui le porte. En effet, les animaux sont très importants pour les populations nordiques, puisqu'ils participent directement à leur vie quotidienne, par les sacrifices et par la gestion des fermes.