Thèse en cours

La tension entre matérialisme et esthétique dans la pensée de Claude-Adrien Helvétius

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Auteur / Autrice : Francesco Piccardi
Direction : Sophie AudidiereFrancesco Toto
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 14/10/2024
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté en cotutelle avec Università degli Studi di Roma Tre
Ecole(s) doctorale(s) : SEPT - Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Logiques de l'Agir
établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)

Mots clés

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Résumé

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Le matérialisme sensualiste de Claude-Adrien Helvétius (1715-1771) exposé dans De l'esprit (1758) et De l'homme (1772) est profondément novateur par rapport aux matérialismes contemporains : non seulement parce qu'il se fonde sur un principe matériel, la sensibilité physique, qui préside à la recherche active du plaisir et à la fuite de la douleur ; mais parce que ce principe - en se plaçant précisément à l'origine des différentes passions humaines - fournit une explication causalement unitaire et réductionniste de la réalité, en joignant progressivement les dimensions physique et morale, égoïste et sociale. Helvétius parvient ainsi à expliquer le passage de l'individu à la société, en évitant les extrêmes opposés que sont (1) un matérialisme mécaniste stérile, incapable de rendre compte de manière adéquate de la dimension sociale des actions humaines, et (2) un spiritualisme tout aussi peu causal, qui devrait expliquer ces actions par le recours au surnaturel. Dans ce cadre, le matérialisme helvétien prône une compréhension unitaire du réel, qui réduirait toute manifestation de l'esprit humain, qu'elle soit intellectuelle, morale et - notamment – esthétique au substrat matériel dominé par la sensibilité physique. Helvétius défend clairement cette perspective dans ses ouvrages majeurs ; d'ailleurs, c'est cette interprétation qui venait d'être ciblée par ses contemporains et ses interprètes successifs. Toutefois, des études récentes ont soigneusement démontré comment dans la dimension morale et politique interviennent des tensions qui ne peuvent pas être reconduites dans les termes de la seule sensibilité physique. En poursuivant cette tradition, notre recherche, en se vouant à un travail surtout comparatiste, propose un examen antiréductionniste de la dimension esthétique de la pensée helvétienne. Cet examen, jusqu'aujourd'hui jamais systématiquement entrepris, remarquera la fécondité de la proposition helvétienne par rapport à la tension problématique entre une dimension matérialiste et une dimension esthétique. On étudiera les notions clés de l'esthétique helvétienne dans leur dynamisme historique, en tâchant de caractériser leurs articulations au niveau du jugement esthétique individuel et collectif ; de la notion de génie artistique et de son rôle dans la structuration et avancement des arts ; des conséquences éthiques et politiques d'un art fondé sur et pourtant irréductible à ses principes matérialistes. Un encadrement circonstancié de notre enquête, et dans le milieu philosophique (surtout matérialiste) et esthétique contemporain à Helvétius, et dans la pensée globale d'Helvétius lui-même, nous éclairera sur la possibilité de développer une esthétique authentique au sein d'une perspective matérialiste.