Prédiction du risque de hernie abdominale par imagerie dynamique et outils biomécaniques
Auteur / Autrice : | Grégoire Deshairs |
Direction : | Thierry Bege |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie-Santé - Spécialité Recherche Clinique et Santé Publique |
Date : | Inscription en doctorat le 13/05/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Recherches Biomédicales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LBA - Laboratoire de Biomécanique Appliquée |
Mots clés
Résumé
La paroi abdominale est une structure anatomique complexe qui délimite la cavité abdominale. Muscles grands droits, muscles latéraux, tissus aponévrotiques et péritoine forment une protection des viscères et jouent un rôle central dans la régulation de la pression intra-abdominale (PIA) lors de la respiration, de la toux ou encore de la miction.Cependant, en présence d'un orifice naturel ou d'une cicatrice issue d'une intervention chirurgicale antérieure, une protrusion de tissus et d'une partie des organes abdominaux peut avoir lieu à travers la paroi abdominale, on parle alors d'hernie abdominale. Deux types de hernies abdominales seront considérés dans cette étude : les hernies dites primaires, lorsque la hernie apparait dans une zone de faiblesse naturelle (ombilic ou faiblesse de la ligne blanche médiane), et les hernies dites incisionnelles ou éventrations, dans le cas où la hernie survient près d'une cicatrice postopératoire constituant une zone fragilisée. La plupart des hernies sont asymptomatiques mais certaines sont le siège d'une incarcération ou d'un effet d'étranglement des viscères provoquant ainsi une douleur et nécessitant une intervention chirurgicale en urgence. Les enjeux médico-économiques sont majeurs. Les réparations de hernies abdominales sont les actes les plus pratiqués en chirurgie viscérale, avec près de 45 000 opérations par an en France et 500 000 par an aux Etats-Unis [1], [2] . Paradoxalement, du diagnostic à la technique chirurgicale et au suivi post-opératoire, le chirurgien ne dispose d'aucun moyen d'évaluation quantitatif du comportement mécanique de la paroi du patient pour le guider dans sa prise de décision, notamment concernant le choix d'un implant pariétal adapté au patient. Ce manque de standardisation et de personnalisation du geste chirurgical pourrait expliquer les taux d'échecs très élevés de la réparation de la paroi abdominale : jusqu'à 18% à un an et 28% à deux ans [3], [4] ainsi que le manque de consensus entre les chirurgiens[5], [6] . Ces échecs conduisent à des récidives de hernies incisionnelles, aggravant le coût économique de la prise en charge chirurgicale, estimé à 200 millions d'euros en France par an et de 3,2 milliards de dollars aux Etats-Unis [1], [2] .A ce jour, peu de connaissances scientifiques sont disponibles pour comprendre les mécanismes qui conduisent à une hernie. Le type d'intervention chirurgicale influence les propriétés mécaniques de la paroi réparée. La croissance et le remodelage de nouveaux tissus doivent permettre de résister aux forces mises en jeu au niveau de la paroi abdominale. Le développement de techniques permettant de définir in vivo des paramètres biomécaniques mesurables permettraient de standardiser et d'adapter le geste chirurgical. Dans ce contexte plusieurs travaux de recherches sont menés actuellement. L'utilisation de l'imagerie par résonance magnétique dynamique (cine-IRM) est en cours d'évaluation par le Laboratoire de Biomécanique Appliquée (LBA). Elle semble être une technique prometteuse pour l'évaluation des déformations de la paroi abdominale [7], [8] . Un autre axe de recherche de cette équipe porte sur la mesure de la PIA de manière non-invasive grâce à un dispositif ingérable nommé SmartPill TM développé par Medtronic qui permet d'estimer les contraintes mécaniques appliquées à la paroi abdominale [9] . Des travaux sont également menés sur l'élastographie ultrasonore comme un moyen de caractériser l'élasticité des tissus aponévrotiques [10] . D'autres outils spécifiquement développés pour une analyse mécanique non invasive ont récemment émergé, notamment une ceinture abdominale équipée de capteurs d'efforts/déformations. Ces outils pourraient permettre (i) l'amélioration de la prévention des éventrations par l'identification des patients à risque, (ii) la caractérisation de la paroi abdominale in vivo permettant une planification chirurgicale personnalisée pour la réparation des hernies : choix de l'implant (modèle, taille), positionnement de l'implant et type de fixation notamment et (iii) un suivi post-opératoire plus avancé et personnalisé permettant de détecter rapidement la dégradation de la réparation. L'objectif de ce travail de thèse sera de poursuivre l'évaluation et le transfert sur patients des outils précédemment décrits. En parallèle du développement de ces méthodes expérimentales, des outils numériques basés sur la modélisation et la simulation du comportement de la paroi abdominale pourront être utilisés pour apporter des éléments de compréhension supplémentaires.