La pratique artistique comme outil de témoignage à valeur mémorielle des lieux d'enfermement nazis
| Auteur / Autrice : | Enora Le Biller |
| Direction : | Philippe Mesnard |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Littératures comparées |
| Date : | Inscription en doctorat le 14/10/2024 |
| Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
| Ecole(s) doctorale(s) : | Lettres, Langues, Sciences humaines et Sociales |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherches sur les Littératures et la Sociopoétique |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La production graphique est une pratique qui a permis à de nombreux déportés de la Seconde Guerre mondiale de s'exprimer sur ce qu'ils vivaient. Ces témoignages et cette pratique, ont fait naître une volonté de survivre pour transmettre et honorer la mémoire de ceux qui avaient péris, cela en rendant compte de la violence du système concentrationnaire. Artiste ou néophyte, Juif ou non, personne jeune ou âgée, homme ou femme, nombreux sont ceux qui ont utilisés le support graphique pour s'exprimer sur leur internement. Il est intéressant de voir comment des hommes et des femmes se sont appropriés ce support alors qu'ils n'avaient jusqu'alors, aucune affinité avec l'art. La violence de leur réalité est telle qu'ils vont chercher un moyen de la figer pour garder une trace et qu'elle ne soit pas effacée, qu'il y ait une trace historique, une preuve pour après comme l'écrit Diane Afoumado dans son article en 1992 pour le Bulletin du Centre d'histoire de la France contemporaine. Cette quête de transmission naît d'une nécessité personnelle de rendre compte d'un impératif collectif : le souvenir, mais comment permettre cela ? Par quels procédés les détenus dénués de formation artistique, réussissent-ils à rendre leur témoignage éloquent et sensible, de sorte qu'il puisse être interprété comme une matière historique tangible et fiable ? La pratique du dessin va être utilisée comme outil porteur de vérité. Il est présent dans les lieux de concentration pendant le conflit mondial, mais pas seulement. Le projet de thèse ici proposé est une analyse comparative entre la production graphique d'artistes déportés et de déportés sans formation artistique avec celle des artistes non victimes de la déportation et qui sont restés libres pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette production, réalisée pendant le conflit mondial, sera ensuite confrontée avec les réalisations d'après-guerre, directe et plus lointaine pour voir comment, encore aujourd'hui, cette mémoire influence la production artistique. Une réflexion tournée autours de la problématique suivante : Quelle place et fonction l'expression artistique passant par le dessin, la peinture ou la littérature tiennent dans les témoignages sur les camps nazis et la construction de leur mémoire ? L'objectif des recherches sera de trouver, parmi ces multiples témoignages réalisés dans des contextes différents, des points de rapprochement dans la transcription de l'événement historique au sein de l'iconographie utilisée, des messages signifiés et de la réception de l'uvre. Les recherches s'articuleront autour de trois parties. La première se concentrera sur les productions picturales concentrationnaires avec l'analyse de témoignages réalisés par des artistes, mais aussi par des déportés sans formation artistique. Il sera question de mettre en lien ces images et de les comparer afin de présenter leurs singularités ainsi que leurs similitudes. Le but du propos étant de rassembler ces productions dans une dynamique commune, celle d'un art pour tous au service d'une mémoire collective. La deuxième partie sera, quant à elle, dédiée à la mise en relation des témoignages concentrationnaires des déportés avec les productions artistiques traitant de la Seconde Guerre mondiale et étant réalisées par des artistes qui n'ont pas été internés. Cette analyse aura pour objectif de déterminer l'impact des camps sur le monde extérieur en examinant les points communs, mais aussi les différences entre témoignage et création tout en s'intéressant à la prise de position de l'artiste libre. Enfin, la dernière partie s'intéressera aux témoignages picturaux d'après-guerre. Nous tâcherons de mettre en avant l'importance de ces productions artistiques dans l'affirmation des événements liés à la Shoah et à la terreur concentrationnaire nazie tout en révélant les difficultés rencontrées par les survivants. Nous verrons l'évolution des témoignages, de la Libération à nos jours ainsi que l'influence du public sur cette production.