Répartition statistique des facteurs premiers des nombres entiers.
Auteur / Autrice : | Jonathan Rotge |
Direction : | Joel Rivat |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Mathématiques |
Date : | Inscription en doctorat le 02/09/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole Doctorale Mathématiques et Informatique de Marseille |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : I2M - Institut de Mathématiques de Marseille |
Mots clés
Résumé
Le théorème d'ErdH os-Kac citer{EK39}, citer{EK40}, est le premier grand succès de la théorie probabiliste des nombres, dont les bases ont été posées par Hardy et Ramanujan en 1917. Ce théorème énonce que le nombre des facteurs premiers d'un entier suit stochatisquement une loi de Gauss. La postérité de ce résultat est considérable. Parmi les nombreux résultats qui ont éclairé la théorie, citons le modèle de Kubilius (exposé notamment dans citer{El79}, citer{El80}, citer{Te22}), qui fournit un cadre général effectif reliant la théorie des probabilités à l'approche probabiliste de l'arithmétique. À l'inverse, les chercheurs de l'école de Vilnius ont produit des modèles arithmétiques de notions probabilistes fondamentales comme le mouvement brownien. On pourra notamment consulter sur ce sujet les articles citer{Ma88}, citer{Ma96}, citer{MT97}, citer{Te97}, citer{BT16}. Dans le prolongement du théorème d'ErdH os-Kac, on a cherché à décrire plus finement la structure multiplicative d'un entier choisi au hasard, au sens de la densité naturelle, entendue comme la limite de la fréquence calculée sur les premiers entiers. Un résultat d'ErdH os, explicité dans l'ouvrage citer{HT88}, stipule ainsi que le $k$-ième facteur premier $p_k(n)$ d'un entier $n$ «normal» vérifie $log_2p_k(n)sim k$ dès que $ktoinfty$. Ici et dans la suite $log_j$ désigne la $j$-ème itérée de la fonction logarithme. Ainsi qu'anticipé par ErdH os et établi dans citer{HT88}, ce résultat relève également de la loi du logarithme itéré. Il s'est ensuite agi de préciser le comportement statistique de facteurs premiers particuliers, possédant une influence spécifique sur la décomposition canonique d'un entier. Au premier rang de ceux-ci figure le plus grand facteur premier, et le plus petit facteur premier. Le second cas correspond la théorie du crible, le premier à une branche importante de la discipline: la théorie des entiers friables---voir par exemple citeplus{Te22}{h. III.5} pour un exposé synthétique. Depuis quelques années, la bibliographie a vu apparaître des travaux relatifs à des facteurs premiers intermédiaires, comme par exemple le facteur de rang médian, ou de rang égal à une proportion fixée du nombre total. Considérons pour fixer les idées le cas du facteur $p_m(n)$ de rang médian, tout en gardant à l'esprit que la problématique s'étend naturellement aux autres cas. Diverses questions questions d'intérêt ont été abordées sans qu'aucune ne reçoive une réponse finale: - Le comportement de la somme $$sum_{nleqslant x}{1over p_m(n)}$$ lorsque $xtoinfty$. Considérée dans citer{DKL13} et citer{Ou17}, cette question laisse ouvert le problème de l'obtention d'une véritable formule asymptotique, à l'instar du cas où $p_m(n)$ est remplacé par le plus grand facteur premier de $n$. - L'approximation gaussienne de la fréquence $${1over x}big|big{nleqslant x:log_2p_m(n)leqslant dmlog_2+zsqrt{log_2x}big}big|.$$ Les travaux citer{DKDO19} et citer{MNPS23b} fournissent une réponse partielle mais l'estimation de la vitesse de convergence ne correspond pas à la conjecture naturelle. - La question analogue à la précédente, mais relative aux nombre premiers translatés est entièrement ouverte alors que citeplus{DKK21}{th. 2} invite à conjecturer une réponse positive. - L'évaluation de la quantité $$|{nleqslant x:p_m(n)=p}|$$ est abordée dans citer{MNPS23b} et fait apparaître un changement de phase lorsque $log_2psimft15log_2x$, mais la transition n'est pas décrite. - La somme $$sum_{nleqslant x}log p_m(n)$$ est évaluée dans citer{MNPS23b} mais le terme d'erreur relatif n'est pas optimal. Toutes ces questions, et un certain nombre d'autres liées à la même problématique, font structurellement appel aux développements les plus délicats de la théorie du crible et de celle des entiers friables. Leur résolution aura ainsi à la fois un intérêt intrinsèque, en fournissant une description probabiliste des entiers via le prisme des facteurs premiers intermédiaires, et un intérêt méthodologique via les techniques élaborées pour y parvenir. Le sujet de thèse proposé à Jonathan Rotgé consiste à aborder certaines des questions décrites plus haut, avec l'objectif d'obtenir des évaluations aussi conformes que possible aux connaissances actuelles des théories sous-jacentes.