Les labs du projet à la transformation : laboratoires d'innovation publique et transformation de l'action publique à travers les outils de management par projet.
Auteur / Autrice : | Emmanuel Vauttier |
Direction : | Céline Baud |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Management |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | SDOSE Sciences de la Décision, des Organisations, de la Société et de l'Echange |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Dauphine Recherches en Management |
établissement opérateur d'inscription : UNIVERSITE PARIS DAUPHINE - PSL |
Résumé
La Direction Interministérielle de la transformation publique est l'organe de l'administration centrale de l'Etat en charge de le « transformer ». Dans ce but, la DITP a instauré en 2014 des « laboratoires d'innovation publique », des petites organisations situées au sein des différentes administrations d'Etat, dont les objectifs sont de rendre l'action publique « plus proche, plus simple et plus efficace » selon l'Atlas des Labs, qui les présente chacun individuellement. Ces organisations sont marquées par un ensemble de caractéristique comme le travail par projet et l'exploitation de techniques comme le design de services ou l'intelligence collective, accompagnées par des outils. Or, les laboratoires d'innovation publique sont des petites organisations, situées à la périphérie de l'administration et qui emploient peu de personnes. Cette thèse traite donc de la manière dont les labs contribuent à la transformation de l'action publique en tant que petites organisations situées au sein des administrations de l'Etat français, ceci à l'aide d'outils « soft » traduisant un discours particulier sur la performance de l'action publique. Cela nous amène donc à poser cette question de recherche : comment des organisations annexes à l'administration contribue, à travers des outils de travail par projet, à la transformation de l'administration et de l'action publique ? Nous répondrons à cette question en trois axes. Le premier s'intéressera à l'outillage des discours sur la modernisation. Dans le deuxième axe, nous nous intéresserons à la circulation des outils entre les Labs et le reste de l'administration, leur intégration aux pratiques de travail et les résistances à cette adoption. Dans le dernier axe, nous nous pencherons sur l'intégration des Labs à l'ensemble par le contrôle et l'allocation des ressources: à cet échelon, on s'intéressera à l'articulation entre des indicateurs de performance financiers, non-financiers, en essayant d'identifier des indicateurs associés aux Labs. Nous allons nous appuyer sur la littérature sur l'innovation ouverte, dont les Labs sont inspirés. Nous nous appuierons ensuite sur la littérature sur l'action publique par projets, qui a identifié un processus de projectification de l'action publique, accompagné par des instruments diffusant des techniques et outils. On considère les Labs comme un de ces instruments. Enfin, nous mobiliserons littérature sur le pluralisme d'outils et sa gestion au sein des organisations, notamment à l'aide d'une approche par les packages. Cette thèse s'appuiera sur un ensemble de méthodes qualitatives qui nous conduiront à retracer le chemin des outils créés par les Labs guides d'utilisation de « l'intelligence collective », « bonnes pratiques » en « innovation managériale », indicateurs de performance des projets conduits des sessions de formation proposées par la DITP aux agents des Labs à l'évaluation de leur action en passant par les ateliers collaboratifs pendant lesquels ces outils sont utilisés pour concevoir des outils et des pratiques de travail. L'apport de cette thèse sera double. D'abord, elle contribuera à la recherche en gestion publique en ouvrant la boîte noire de l'administration et en observant concrètement comment ses agents se servent ou non des outils de management extérieurs ou perçus comme tel, un questionnement qui peut s'étendre aux laboratoires d'innovation dans les bureaucraties privées. Plus généralement, cette thèse contribuera à la réflexion initiée par Pache et Santos sur l'articulation du pluralisme dans les organisations, en se penchant notamment sur les outils et pratiques de pilotage qui permettent cette articulation des structures.