Être communiste et appelé dans l'armée française en guerre d'Algérie, entre parcours politique et expérience militaire (1954-1962)

To be communist in the French army during the Algerian war: between political engagement and military life (1954-1962)

• Auteur / Autrice : Gentiane Lamoure
• Direction : Raphaelle Branche
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Histoire du monde contemporain
• Date : Inscription en doctorat le 25/09/2024
• Etablissement(s) : Paris 10
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ISP - Institut des Sciences sociales du Politique

Mots clés

Mots clés libres

Guerre d'Algérie

Communisme

Parti communiste français

Armée

Algerian war

Communism

French communist party

Army

Résumé

Entre 1954 et 1962, l'armée française fit mener à plus d'un million d'appelés des « opérations de maintien de l'ordre et de pacification » en Algérie. Parmi ces appelés, les militants communistes eurent une expérience singulière de la guerre d'Algérie. En effet, leur socialisation politique, qu'elle soit familiale ou à travers leurs activités militantes, les plaçait dans une situation paradoxale face à la guerre. Celle-ci allait à l'encontre des valeurs anticolonialistes que prônait le Parti communiste. En même temps, le service militaire était obligatoire, et le Parti, fidèle à la tradition léniniste d'un travail militant fondé sur une action de masse, y compris au sein de l'armée, encourageait les appelés à effectuer ce service pour poursuivre la lutte au sein du contingent et convertir la masse des soldats au mot d'ordre du Parti. Ce mot d'ordre était lui-même ambigu puisqu'il appelait à la « paix en Algérie » et non à l'indépendance. Or, en menant des actions politiques au sein du contingent, un jeune appelé communiste s'exposait à la répression, mais en désertant ou en refusant d'obéir aux ordres, il risquait la désapprobation, voire l'exclusion du Parti. Cette thèse cherche ainsi à interroger les parcours des appelés communistes face à ces injonctions contradictoires et dans quelle mesure leur expérience de guerre a été marquée par leur engagement politique, au sein d'une institution militaire alors profondément anticommuniste.

Between 1954 and 1962, more than one million conscripts within the French army were sent to perform «peacekeeping and pacification operations» in Algeria. Among these conscripts, communist activists had a specific experience of the Algerian war of independence. Indeed, they faced a paradoxical situation: their political socialization, whether through family or through their political activities, was in line with the anti-colonial values advocated by the French Communist Party. At the same time, military service was mandatory, and the Party, faithful to the Leninist tradition of militant work based on mass action, including in the army, encouraged the conscripts to perform their military service to convert the mass of soldiers to communist ideas. These ideas were ambiguous themselves concerning the war, since the Party called for «peace in Algeria» and not for its independence. However, if a young communist conscript carried out political actions within the contingent, he was exposed to repression, but if he deserted or refused to obey orders, he risked disapproval or even exclusion from the Party. This thesis seeks to question the life paths of communists conscripts in the face of these contradictory injunctions, and to what extent their war experience was marked by their political engagement, within a military institution deeply anti-communist.