Thèse en cours

La gouvernance territoriale de la crise climatique: anticipe et faire face aux épisodes caniculaires

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Auteur / Autrice : Coline Köves
Direction : Renaud EpsteinValérie November
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sociologie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2024
Etablissement(s) : CY Cergy Paris Université
Ecole(s) doctorale(s) : Droit et Science Politique
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CESDIP - Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales

Résumé

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En 2003, la France connaît un été inhabituellement chaud, avec des températures dépassant dans sa capitale 35° sur dix jours consécutifs. La canicule n'est alors pas constituée en tant que risque sanitaire potentiel, et l'arsenal régalien de gestion de crise ignore la chaleur : les autorités politiques et sanitaires tardent à réagir à la mesure de l' « hécatombe », comme le titre la presse à l'époque. Cet événement permet des évolutions structurantes en matière de prévention et de gestion des risques sanitaires, renforcées plus récemment par la crise du Covid-19. Evolutions nécessaires, puisque les rapports scientifiques prévoient une augmentation continue de la fréquence, de l'intensité et de la durée des évènements climatiques extrêmes. Depuis 2017, un seul été a échappé à l'activation des plans d'urgence canicule, posant la question du cadre de « situation de crise » quand les chaleurs extrêmes sont en réalité déjà aujourd'hui une forme de « New Normal » saisonnier. Aux Etats Unis, le travail pionnier du sociologue E. Klinenberg, portant sur la canicule de l'été 1995 à Chicago, a permis de poser les jalons d'une sociologie de la chaleur. En France, la recherche en géographie ou en urbanisme s'est ces dernières années emparées du sujet, en traitant notamment de l'effet des îlots de chaleur urbains. Les conséquences des températures extrêmes sur la mortalité, la morbidité mais aussi leurs conséquences sociales, politiques et organisationnelles, dans une logique de mobilisation multi-sectorielle des crises, sont cependant aujourd'hui largement sous-investi par la recherche en sociologie politique. Cette thèse appréhende l'objet caniculaire par une approche au croisement de la sociologie du risque et de la sociologie politique de l'action publique. Elle s'intéresse particulièrement à la manière dont une multiplicité d'acteurs non-traditionnels de la gestion de crise intègrent ces enjeux à leurs compétences : en matière de santé, du logement, du carcéral, d'action sociale... Elle analyse ainsi l'action des collectivités territoriale dans ce domaine (notamment départements, intercommunalités, communes), au delà-du régalien, acteur traditionnel de la gestion de crise. Le coeur de la recherche questionne l'organisation et la réorganisation de l'action publique territoriale autour la prise en compte de ces enjeux. Elle pose ainsi la question de la restructuration des systèmes d'acteurs compétents, en interne mais aussi dans la hiérarchisation de leurs compétences et expertises, impliquant aussi les acteurs de la ville, du privé, de la société civile. La recherche se concentre sur quatre entrées abordées de manière comparative : deux populations vulnérables, telles que désignées par les plans de gestion de crise ORSEC, et deux types d'infrastructures. Les populations étudiées sont les personnes âgées, vivant en institution et/ou isolées, ainsi que les personnes en logement précaires. Les infrastructures sont celles de gestion, distribution et stockage des ressources en eau, ainsi que les infrastructures pénitentiaires. La canicule a des impacts très forts et différenciés sur les territoires, ce projet ancre donc l'analyse au sein de trois départements, permettant un double niveau de comparaison inter et intra-territoriale : la Somme, l'Hérault et l'Isère.