Modélisation et évaluation multicritère de l'intégration du stockage d'énergie de long terme centralisé et diffus en contexte insulaire
| Auteur / Autrice : | Mirabelle Scholten |
| Direction : | Robin Roche, Dominique Grondin |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Génie électrique |
| Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
| Etablissement(s) : | Besançon, Université Marie et Louis Pasteur |
| Ecole(s) doctorale(s) : | SPIM - Sciences Physiques pour l'Ingénieur et Microtechniques |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Franche Comté Electronique Mécanique Thermique et Optique - Sciences et Technologies |
| Equipe de recherche : Département Énergie |
Mots clés
Résumé
Les zones non-interconnectées, dont notamment les îles françaises, souffrent d'un mix énergétique à la fois plus carboné et plus cher que la France hexagonale. Ces zones sont également fortement dépendantes aux importations d'énergies fossiles, et notamment de pétrole, pour la production d'électricité comme pour les transports. La Réunion en est un exemple, avec, en 2022, un coût de production de l'électricité moyen de plus de 280 /MWh, 85 % de taux de dépendance énergétique, 65 % de la consommation finale d'énergie utilisée pour les transports, et seulement 14 % d'énergies renouvelables dans la consommation d'énergie primaire [1]. La Réunion s'est rapprochée d'une production électrique 100 % renouvelable en 2024, par la conversion de centrales thermiques à la biomasse et aux bioliquides. Cependant les impacts environnementaux de ces solutions sont discutables, de même que le choix de recourir à des importations de bois d'autres continents. Pour 2030, l'île vise par ailleurs l'autonomie énergétique complète, ce qui semble très ambitieux. Le projet ANR HyLES, qui s'achève en 2024 et est coordonné par FEMTO-ST, a permis une étude du mix énergétique et du rôle de l'hydrogène pour les horizons 2030 et 2050, suivant différents scénarios [2] s'appuyant sur une modélisation de la production (notamment renouvelable), de la consommation, des moyens de transports et du réseau de transport d'électricité. Ces travaux ont montré le besoin de stockage de long terme (en complément du court terme à l'échelle de quelques heures) à l'échelle de l'île mais la question ne pourra pas être étudiée dans le cadre du projet par manque de temps. Ils ont également pointé la forte difficulté à couvrir les besoins nécessaires à la décarbonation du secteur aérien, notamment, tandis que celle du secteur maritime serait envisageable. Verrous : Le besoin en stockage est encore mal cerné, car dépendant des évolutions de la demande et du mix énergétique, et donc des données météorologiques. Une évaluation sur un minimum de 10 à 20 ans de données historique serait nécessaire pour identifier les probabilités et durées des phénomènes de dunkelflaute (une période avec un vent et un ensoleillement faibles) [3], par exemple. A l'inverse, une capacité d'effacement par exemple via le pilotage de la recharge de véhicules pourrait apporter plus de flexibilité côté demande. Différentes technologies permettent du stockage de long terme (de plusieurs heures jusqu'au saisonnier) à grande échelle [3]. Les STEPs sont une solution classique, mais dont le potentiel est limité ou dont les technologies sont à adapter, comme avec des STEPs marines. L'hydrogène ou ses dérivés est une solution potentielle mais qui ne peut reposer sur du stockage géologique (cavités salines, etc.) du fait de son absence à La Réunion. D'autres technologies comme les batteries fer-air, avec une faible densité mais un coût très faible, pourraient émerger à l'avenir [5]. En dehors des questions de faisabilité technique, de coûts et de performances, la question des impacts environnementaux (émissions, biodiversité, ressources, etc.) de ces technologies est également à considérer. Une autre approche serait de recourir à du stockage diffus, par exemple sous forme de batteries résidentielles, voire de vehicle-to-grid (V2G). Néanmoins, la coordination de ces ressources est bien plus complexe car elle repose sur un grand nombre d'équipements, peut impacter les utilisateurs et pose la question du modèle d'affaires sous-jacent. La faisabilité de cette approche n'est donc pas certaine. En termes de gestion, la prise en compte simultanée des dynamiques de court terme (de la minute à l'heure) et de long terme (plusieurs années) pose des problèmes de temps de calcul, d'autant plus lorsque le vieillissement des composants est considéré [4].