La Chine dans la pensée juridique française aux Temps Modernes (1492-1789)
Auteur / Autrice : | Lucie Plu |
Direction : | Géraldine Cazals |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire du droit |
Etablissement(s) : | Bordeaux |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de droit |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : INSTITUT DE RECHERCHE MONTESQUIEU |
Mots clés
Résumé
Il est communément admis que la France et la Chine constituent deux civilisations opposées et géographiquement et culturellement. Ces deux mondes se sont chacun développés de manière autonome et ceci au cours de nombreux millénaires. Par conséquent, se sont progressivement construites deux civilisations possédant chacune leurs propres vertus ancestrales et ayant leur propre prétention à l'universalité. Le contact notoire qui a été établi entre ces deux cultures est celui du voyageur médiéval Marco Polo. S'inscrivant dans la littérature de voyage, ce dernier a permis d'enraciner dans l'inconscient collectif l'idée d'une Chine imaginaire et mythique. Le rêve et la fascination suscités par son récit se sont installés durablement dans les esprits occidentaux au point de compter parmi les principales idées motrices de la période des Grandes Découvertes. Ces dernières années, plusieurs travaux ont porté sur les relations entre ces deux civilisations à la Renaissance. Tout d'abord, le XXIe siècle a été marqué par l'ouvrage majeur de Donald Lach qui a produit une profonde étude au sujet des diverses influences asiatiques sur la culture occidentale. Cependant, il a fallu attendre les années 2010 pour que de nouveaux travaux mettent en évidence les jalons de l'installation de la Chine dans les savoirs occidentaux. Dès lors, Antonella Romano a étudié la rencontre entre l'Europe et la Chine au cours des XVIe et XVIIe siècles. Enfin, deux travaux tout aussi récents, à savoir ceux de Diego Sola Garcia et Matthieu Bernhardt ont respectivement porté sur l'ouvrage de l'augustin espagnol nommé Juan González de Mendoza ainsi que sur le père jésuite italien Matteo Ricci. Pour autant, l'étude de la pensée juridique française sur la Chine au cours des Temps Modernes n'a jamais été menée. En effet, quelques ouvrages récents ont permis de mettre en évidence le choc résultant de la rencontre de ces deux mondes ainsi que la diversité et fécondité des échanges culturels en ayant résulté. Cependant, la récente bibliographie est relativement peu abondante et de surcroît, celle-ci ne traite pas cette relation sous un angle juridique, c'est-à-dire relatif à l'histoire du droit. Les études étant relativement anciennes et faibles sur le sujet, le renouvellement historiographique de ce dernier est assez tardif et celui-ci s'avère être encore très limité. Or, la monographie consacrée cette année dans le cadre du mémoire de Master II Culture juridique à la pensée juridique française sur la Chine au début des Temps Modernes a permis de démontrer que jusqu'en 1643, la Chine reste dans les esprits français une société à découvrir et par là-même une terre à conquérir de manière spirituelle et commerciale. Dès lors, par l'étude des uvres spécifiquement dédiées, cette thèse comportera un élargissement temporel lequel allant de Charles VII à Louis XVI et incluant les dynasties Ming et Qing et s'attachera à découvrir et à analyser la manière dont la France s'est forgé une pensée juridique sur la Chine. Il s'agira d'évaluer la manière dont cette pensée accompagne certaines des évolutions majeures de l'histoire de la pensée juridique. Les enjeux portés par une telle étude sont multiples. Il s'agit en premier lieu d'identifier les différents tenants du dialogue franco-chinois ainsi que la variation dans le temps et dans l'espace de celui-ci. Par ailleurs, il est également question d'identifier les différents aspects historiques que le sujet revêt. En effet, outre son inscription dans l'histoire de la pensée juridique, celui-ci s'inscrit également dans celle des idées politiques. L'histoire politique, commerciale et économique et de la France et de la Chine s'avèrent être déterminantes dans l'appréhension et la compréhension du sujet. Enfin, l'influence réciproque résultant de ce dialogue international doit être prise en considération afin d'apprécier l'existence d'un certain comparatisme juridique lors des Temps Modernes. La fécondité de ce dialogue diplomatique s'apprécie au travers un métissage culturel qui après un déclin à la fin du XIXe siècle sera retrouvé dès le début du siècle suivant.