L'« égalité des chances » par le jeu. Sociologie des usages pédagogiques du jeu d'échecs à l'école primaire
Auteur / Autrice : | Manon Baheu |
Direction : | Pierre Merckle, Vincent Berry |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pacte, Laboratoire des sciences sociales |
Equipe de recherche : Régulations |
Mots clés
Résumé
Depuis quelques décennies, le jeu d'échecs a régulièrement été introduit sur le temps scolaire comme vecteur d'apprentissages. Suivant un mouvement plus général de transformation du jeu en valeur éducative, l'utilisation du jeu d'échecs s'appuie sur une volonté d' « accès à la pratique [du jeu] pour tous » (Ministère de l'Éducation Nationale, Convention MENJS/FFE/UNSEP/UNSS sur le dispositif Class'Echecs, signée le 15 mars 2022). Si les jeux peuvent être porteurs d'apprentissages, de savoirs ou de compétences de diverses natures, les enfants ne jouent pas tous aux mêmes jeux et la valeur accordée au jeu peut être différente selon le milieu social, de sorte qu'il y aurait des inégalités, en amont même de l'entrée à l'école, dans l'accès à ces apprentissages. Dans cette idée, la mise à disposition de ces jeux à l'école et leur utilisation en classe viserait à apporter aux enfants ces formes d'apprentissages par les jeux auxquels certains enfants, par leur milieu, auraient moins accès. Il tend dès lors à se forger un discours politique qui explique l'introduction des jeux à l'école comme un moyen de favoriser l'« égalité des chances », c'est-à-dire en essayant d'apporter aux enfants les mêmes conditions d'apprentissages. Interrogeant ce discours, la thèse se fixe pour objectif de comprendre comment les dispositifs ludiques, utilisés à des fins éducatives, reposent sur des dispositions à jouer qui sont socialement construites. Elle s'inscrit dans le cadre plus large d'une discussion des politiques scolaires visant la démocratisation de la culture en cherchant à réduire les inégalités liées à l'origine sociale, géographique, ou de genre. L'accent est mis sur la façon dont les enfants s'approprient le jeu d'échecs dans leur environnement scolaire, et sur ce qu'ils en retirent dans l'opposition apparente entre jeu et travail. Dans cette perspective, la thèse s'intéresse aux dispositifs d'introduction du jeu d'échecs sur le temps scolaire, en particulier Class'Échecs, sans exclure d'autres jeux qui pourraient être utilisés. Son enjeu réside dans la compréhension de la culture ludique des élèves en tenant compte de leur milieu social et de leurs sociabilités avec leurs pairs, leur enseignant et les membres de leur famille. Il s'agit notamment de comprendre dans quelle mesure ces sociabilités les amènent à l'apprentissage par le jeu. Afin d'y parvenir, la thèse a pour terrains des classes d'écoles élémentaires où, au moyen d'observations de séances de jeux, d'un questionnaire administré aux enseignants à l'échelle nationale et d'entretiens avec des enfants, des parents et des enseignants, elle analyse les enjeux de l'utilisation du jeu d'échecs à l'école.