Thèse en cours

Artistes femmes en situation coloniale : pratiques artistiques, circulations et transferts culturels entre la France et son Empire (1919 – 1950)

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Auteur / Autrice : Marie Bouchard
Direction : Maureen MurphyChristelle Lozere
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Inscription en doctorat le 24/09/2024
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Milieux, cultures et sociétés du passé et du présent
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire des Arts et des Représentations

Résumé

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Depuis une dizaine d'années, plusieurs musées ont sorti de leurs réserves tableaux et sculptures d'artistes femmes parties aux colonies, lors d'expositions très fréquentées comme « Peintures des Lointains » au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac, « Pionnières »au Musée du Luxembourg ou « Artistes Voyageuses, l'appel des lointains »au Palais Lumière d'Évian-les-Bains. Ces événements montrent un intérêt nouveau du monde muséal pour le travail méconnu de ces artistes mais aussi toute la complexité d'exposer en contexte ces œuvres issues de la colonisation, période encore tabou en France. Souvent présentées par les termes « pionnières » et « féministes » dans la mouvance des expositions sur les artistes femmes, ces raccourcis et l'accrochage occultent souvent la complexité des profils. Le sujet que nous nous proposons de traiter s'inscrit à la fois dans les études postcoloniales, en voulant remettre en question les formes de domination, mais aussi dans les études culturelles et de genre, champs d'étude encore nouveaux et prometteurs qui s'entrelacent. Notre sujet tend à nourrir le débat muséographique en repensant la manière d'exposer l'art colonial au prisme de son contexte et du genre. Nous souhaitons inscrire notre étude dans le mouvement de réaffirmation de l'importance des parcours de ces artistes femmes, entrepris dès 1970 par Linda Nochlin suivi par une production plurielle d'expositions et ouvrages des années 2000 à aujourd'hui. L'art en situation coloniale a été défini récemment et est encore relativement absent des livres d'histoire de l'art. Les rares ouvrages sur ces artistes sont principalement monographiques pour certaines métropolitaines, et pratiquement inexistants, à notre connaissance, pour les artistes colonisées. Le sens le plus courant du terme « artiste coloniale » est celui utilisé pour parler des artistes femmes métropolitaines partant dans l'Empire à l'aide de bourses et prix de la Société Coloniale des Artistes Français, de compagnies de transports ou touristiques, ou par leurs propres moyens. L'étude de la polysémie du terme « coloniale » sera un élément central de notre étude, souhaitant montrer à la fois les circulations et productions plastiques d'artistes métropolitaines partant mais également celles d'artistes colonisées, issues des colonies et se rendant en France. Ce travail veut en effet aller au-delà de l'analyse manichéenne colon-colonisé et montrer des enjeux plus complexes, notamment en étudiant les circulations de ces artistes entre la France et son Empire. En décentrant le regard, l'histoire de l'art colonial sera pensée de manière horizontale, faisant des colonies tout autant des centres que la métropole. Les mouvements bilatéraux d'artistes femmes entre la France et ses colonies seront analysés. Dans ce cadre l'intérêt se portera sur la compréhension de leurs productions plastiques et leurs réceptions. Les transferts culturels existants entre les deux versants et notamment les réseaux de création apparus aux colonies et en métropole seront étudiés, tout comme les échanges culturels et artistiques entre la France et ses colonies, au travers des interrelations tissées entre les artistes coloniales. Seront donc traitées les circulations artistiques entre la métropole et les colonies et protectorats de 1919, date du premier départ artistique féminin connu jusqu'à l'aube des décolonisations. L'approche se veut aussi globale et par là transimpériale en opérant des points de comparaison avec d'autres pays européens.