L'exercitus Gallicanus entre le milieu du IVe s. et la fin du Ve s. : étude matérielle et anthropologique d'un milieu militaire en Gaule du Nord et de l'Est.
Auteur / Autrice : | Gabriel Gabriel |
Direction : | Antony Hostein |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire et Histoire de l'Art |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Anthropologie et Histoire des mondes antiques |
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Résumé
Le présent sujet propose d'étudier les représentations et les pratiques sociales susceptibles de mieux cerner un milieu, celui des militaires, particulièrement visible au sein des sociétés de Gaule du Nord à partir du IVème siècle et ce jusqu'au début de la période mérovingienne. Il s'agit de partir des sources matérielles disponibles, au premier rang desquelles les sépultures et leurs assemblages mobiliers. L'objectif consiste à recontextualiser les tombes à armes et à mobiliers dits germaniques pour sortir d'une conception fixiste de l'ethnie (en tant que son expression conditionnerait forcément le rapport à la mort) et des thèmes encore en vogue, comme ceux de l'ethnogenèse ou de l'ethnicité. Toujours dans la perspective de sortir des paradigmes historiographiques simplificateurs et faux, plusieurs notions vont être interrogées comme celle de la « militarisation » ou de la « barbarisation » de la société romaine tardoantique. Par une attention portée à l'ensemble des composantes du fait funéraire, le corps, la sépulture, son architecture, sa situation au sein des sites retenus, l'agencement des objets constitutifs de l'assemblage funéraire, ce sont ainsi les pratiques mises en oeuvre qui retiendront notre attention. Souvent étudiés de manière dissociée, les ceinturons militaires, les armes offensives et défensives dont celles de prestiges, les fibules, la vaisselle métallique, les monnaies déposées, les éléments de parures et jusqu'aux coffrets, sont en réalité associés dans certaines de ces sépultures, consciemment sélectionnés puis agencés, pour fonctionner ensemble au côté des dépôts de vaisselle et des dépôts alimentaires. En outre, les individus immatures et féminins, témoignent, à l'occasion, d'assemblages mobiliers qui peuvent manifester un lien avec le monde des armes et des militaires. Les techniques de fabrication et d'ornementation qui caractérisent cette orfèvrerie de prestige, le lien de ces objets avec l'autorité impériale qui en contrôle la production, la distribution et la manière de les arborer, les rattachent donc à une culture visuelle spécifique. Celle-ci semble connoter une forme d'appartenance à l'univers des militaires. Ce travail veut proposer un essai d'analyse anthropologique d'un milieu dont les acteurs eux-mêmes produisent peu d'écrits mais sont abondement décrits par leurs contemporains. En ce sens, il faut également chercher dans les sources textuelles disponibles les évocations de ces objets particuliers, afin de restituer leur première destination, en particulier dans le cadre des différents types de dona faits à l'armée. Leur iconographie retiendra également l'attention car elle ne doit pas seulement servir à organiser les typologies, mais est aussi porteuse, par elle-même, de significations que l'on doit chercher à restituer, pour de mieux appréhender l'importance et le sens que revêt la sélection de ces objets dans le cadre des funérailles. L'étude, centrée sur une région spécifique où l'armée porte un nom, celui d'exercitus Gallicanus et dont les sources textuelles témoignent, depuis l'époque de Constantin, d'une identité forte, ne vise pas à un catalogue exhaustif des tombes à armes (Waffengräber) dissociées de leurs contextes archéologiques. L'apparition de ce milieu militaire lié à l'exercitus Gallicanus, son degré d'homogénéité, ses références et hiérarchies internes, doivent être interrogés en confrontant ses modes d'expression à ceux de différents groupes sociaux en Gaule durant la même période, afin d'en proposer une anthropologie. Entre la fin du IIIe s. et les débuts des royaumes dits barbares, le militaire s'affirme comme une figure majeure dans l'histoire de la partie occidentale de l'empire romain tardif ; mais pourquoi et à partir de quand le groupe social qui l'inhume de la sorte paraît-il chercher, ici plus qu'ailleurs, à célébrer ce lien au passé militaire ?