Évaluation multicritère de la biodiversité des friches urbaines de Marseille : mise en place d'un indice pour une gestion plus durable et son éventuelle mobilisation dans les projets de trame verte.
Auteur / Autrice : | Jean-Baptiste Guy |
Direction : | Bruno Vila, Magali Deschamps-cottin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences de l'environnement: Ecologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole Doctorale Sciences de l'Environnement |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LPED - Laboratoire Population Environnement Développement |
Mots clés
Résumé
Les friches Marseillaise sont issues du mitage de la ville sur les terres agricoles, et du changement de type d'urbanisation. En effet, lors des années 1950 il y avait une volonté de s'étendre et non de s'intensifier, laissant ainsi des terres sans affectation au milieu du tissu urbain (Consalès & Dacheux-Auzière 2022). Parmi ces espaces délaissés, on dénombre pas moins de 300 friches en propriété de la ville de Marseille, majoritairement situées en périphérie de la ville. Ces espaces se caractérisent par un niveau de gestion très faible qui se limite souvent à une fauche annuelle. Cette faible gestion a permis le maintien ou bien le rétablissement d'une biodiversité « remarquable » / non négligeable en lien avec l'histoire propre de chaque friche. Ces espaces sont tout de même soumis à de fortes pressions en lien avec les usages en milieu urbains ou dans le cadre des politiques urbaines qui visent à réaffecter ces friches pour d'autres usages. Dans le but d'interroger leur rôle dans la conservation et le maintien de la biodiversité et d'intégrer ces friches dans des projets de trames vertes, il est donc essentiel d'aller au-delà des usages actuels, en prenant en compte la structuration et le fonctionnement de la biodiversité dans les pratiques de gestion actuelles (Arrif et al., 2011). C'est l'objectif de cette thèse de questionner les multiples trajectoires de ces espaces. Cette thèse s'articulera autour de 4 axes principaux : 1. L'évaluation de la biodiversité des friches urbaines en utilisant des approches quantitatives (richesse spécifique, abondance, indice de biodiversité) et qualitatives (composition spécifique et traits d'espèces) multi taxons, 2. L'analyse de la variabilité de la biodiversité à l'échelle de la friche (intra-friche) pour comprendre l'impact des caractéristiques propres à chaque friche sur sa capacité à accueillir la biodiversité (micro-échelle), 3. L'évaluation de la place des friches en termes de biodiversité dans les trames vertes urbaines en examinant leur rôle fonctionnel par rapport à d'autres ECN et en particulier les parcs urbains (macro-échelle), 4. La mise en place d'un outil d'accompagnement pour l'évaluation multicritères et la gestion durable des friches. Pour ce faire, la thèse visera à répondre aux problématiques suivantes : Quelle échelle spatiale et quels facteurs environnementaux ont le plus d'influence sur la composition et la structure de la biodiversité dans les friches urbaines ? Des études antérieures ont mis en lumière l'impact de facteurs environnementaux tels que ''la distance par rapport aux milieux naturels'' ou ''la taille de la friche'' sur la biodiversité (Ternisien et al., 2023). Cependant, les recherches portant sur les facteurs internes à la friche, tels que les types d'habitats, les usages présents ou passés (dimension historique des usages), sont moins fréquentes. Pourtant, pour les taxons peu mobiles (ou la recolonisation est peu probable) comme les gastéropodes par exemple, ces facteurs sont essentiels dans la mesure où ils déterminent la capacité de maintien ou de disparition des taxons de ces espaces. Il est donc crucial d'identifier à la fois les facteurs qui favorisent cette biodiversité et ceux qui peuvent « l'entraver » dans ces environnements urbains. Quelle est la place de ces friches dans le maintien/la conservation de la biodiversité dans le tissu urbain ? A l'échelle d'un quartier et de la ville, on peut légitimement s'interroger sur le rôle et la place des friches dans le dispositif des trames vertes notamment. Comment ces friches peuvent assurer une continuité fonctionnelle entre des milieux naturels périphériques à la ville et divers ECN tels que des parcs urbains et des jardins privatifs qui constituent une partie essentielle du « vert » urbain ? Qu'apportent ces friches en termes de biodiversité (richesse, composition et rôle fonctionnel) par rapport à d'autres ECN ? Faut-il les conserver et les inclure dans les dispositifs de trames vertes notamment ? Comment développer un indice prenant en compte plusieurs critères afin d'assurer une gestion optimale de la biodiversité dans les friches urbaines, en vue de leur intégration dans un projet de trame verte ? Même si cette démarche n'est pas nouvelle comme le démontre l'utilisation de l'indice de naturalité permettant d'évaluer la qualité d'une forêt, malheureusement ces indices ne sont pas transposables au milieu urbain. En effet, il n'existe toujours pas d'indice permettant d'évaluer la biodiversité d'un ECN et de suivre son évolution. Cependant des travaux précédents (Guy, 2023 ; Ternisien et al., 2023; Ternisien, 2018) ont déjà permis d'identifier des espèces cibles/clés/indicatrices dans différents groupes taxonomiques qu'il convient maintenant de mobiliser pour la réalisation d'un indice intégré. Ce dernier constituera un outil important à la prise de décision (Brédif & Arnould, 2004) permettant l'élaboration de nouvelles pistes de réflexions afin d'avoir un regard sur le long terme, des conséquences que peuvent engendrer différents types de gestion ou la modification de ces espaces sur le maintien de la biodiversité à l'échelle de la ville.