Modélisation d'un écosystème hydrogène associé aux énergies renouvelables intermittentes
Auteur / Autrice : | Yosra Mezghani |
Direction : | Fabrice Gros |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Génie des procédés |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Clermont Auvergne (2021-...) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences pour l'Ingénieur |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pascal |
Equipe de recherche : GePEB - Génie des Procédés, Energétique et Biosystèmes |
Mots clés
Résumé
Contexte Les défis environnementaux contemporains, tels que les émissions de CO2 et l'épuisement des ressources, exigent une réévaluation fondamentale de nos systèmes énergétiques. L'hydrogène utilisé comme vecteur de stockage énergétique est un candidat sérieux pour assurer la flexibilité nécessaire pour l'intégration des énergies renouvelables intermittentes dans le système énergétique. Ainsi, une industrie verte à base d'hydrogène est souvent associée aux parcs d'éoliennes et de photovoltaïques. Cette industrie comprend plusieurs procédés complexes pour la production de l'hydrogène vert et sa transformation éventuelle en ammoniac, méthanol et kérozène offrant ainsi des alternatives viables pour les besoins énergétiques du transport. Ceci conduit donc à la conception de réseaux énergétiques sophistiqués et complexes qu'il est nécessaire d'optimiser en termes d'opération, de performance, de coût et de sûreté. En particulier, il est important de maîtriser les procédés de synthèse de ces produits auxquels il faut ajouter la nécessité de CO2 pour la production de méthanol et d'azote pour la production d'ammoniac. Deux projets emblématiques et de grandes dimensions illustrent cette perspective. Nous pouvons citer, en premier, le projet stratégique du Port de Shannon qui prévoit, dans sa vision 2041, le développement d'un écosystème hydrogène alimenté par un parc d'éoliennes offshore de plusieurs GW fournissant une énergie propre et renouvelable au port et à ses activités annexes ainsi qu'à l'exportation. Le second projet, situé au Maroc, mise sur le potentiel d'énergies renouvelables pour atteindre le développement durable escompté par le développement d'une méga centrale solaire de 1 à 2 MW avec une extension prévue en éoliennes et un stockage hydrogène. Ces écosystèmes énergétiques requièrent des technologies de transformation avancées mais aussi la maîtrise des flux pour répondre aux besoins énergétiques domestiques et d'exportation. L'analyse des coûts CAPEX et OPEX, ainsi que la prise en compte de la performance sur l'ensemble du cycle de vie, sont aussi essentiels pour garantir l'efficacité et la durabilité de ces infrastructures. L'utilisation d'une modélisation numérique et d'une simulation précise pour la conception, l'exploitation et la maintenance est un élément clé pour la maîtrise de cette complexité. C'est pour contribuer à ce défi énergétique que nous proposons de développer une méthodologie à base de modèle support à : i/ la conception et l'évolution de ces systèmes énergétiques, ii/ la conception et l'intégration des procédés de transformation et iii/ l'exploitation optimale et la maintenance des procédés et du système complet. Les bases d'approches méthodologiques innovantes pour la modélisation de systèmes complexes ont été posées par des travaux de recherche récents. Cependant, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne l'intégration de nouvelles sources d'énergie telle que l'hydrogène et des procédés de transformation associés. Objectifs Pour répondre aux besoins de conception, d'analyse et de simulation d'un écosystème hydrogène associé aux énergies renouvelables, nous proposons de traiter trois objectifs principaux de modélisation : 1. Modélisation multi-facette pour la prise en compte des critères d'évaluation sur le cycle de vie. 2. Modélisation multi-niveau pour répondre aux besoins de gestion global de l'écosystème et de la conception et l'exploitation des procédés de transformation. 3. Jumeau numérique pour l'accompagnement de l'écosystème tout au long de son cycle de vie : de la faisabilité à la conception et à l'exploitation et la maintenance. Objectif 1 : Modélisation multi-facette La modélisation multi-facette sera utilisée pour prendre en compte divers aspects des systèmes énergétiques étudiés. Cela inclura la gestion des flux d'énergie, à la fois électriques et thermiques, avec leur intégration avec le réseau électrique existant ainsi qu'avec les réseaux de chaleur fatale. En plus, nous aborderons des bilans de matière, tels que ceux de l'hydrogène, de l'oxygène et de l'azote, et nous évaluerons les émissions de CO2 tout au long du cycle de vie des systèmes étudiés. Cette évaluation prendra en compte les coûts de fabrication et d'installation (CAPEX), ainsi que les coûts d'exploitation et de maintenance (OPEX). En outre, nous tiendrons compte des émissions provenant du réseau électrique (en fonction de la localisation par pays) et du transport, notamment celles associées au kérosène, au méthanol et à l'ammoniac. Enfin, il sera important d'évaluer la fiabilité du système et les risques associés aux procédés de transformation, au stockage et aux opérations de transport. Objectif 2 : Modélisation multi-niveau Il est essentiel de développer une approche qui prenne en compte la gestion des flux dans l'écosystème global tout en maintenant une abstraction relative pour permettre des simulations sur une période temporelle étendue, allant de plusieurs jours à un an ou plus. Cette approche nécessitera l'inclusion de scénarios variés, avec des données et des modèles prenant en compte des facteurs tels que la vitesse du vent, le rayonnement solaire, la consommation domestique d'énergie (électrique et thermique), ainsi que des paramètres économiques comme la commande de e-fuel. Pour la maîtrise des procédés de transformation, il est nécessaire d'avoir recours à une modélisation mécanistique plus détaillée et plus précise. Dans le cadre de la modélisation mécanistique du ou des procédés spécifiques, une attention particulière doit être portée à la précision des réactions chimiques et à la prise en compte de la vitesse de réaction. Cela implique également l'intégration des dispositifs de compression, de réchauffement/refroidissement et de stockage, ainsi que la modélisation des dynamiques de mise en service et d'arrêt. Un système de contrôle-commande sera nécessaire pour superviser et ajuster le fonctionnement du système en fonction des conditions changeantes. Objectif 3 : Jumeau numérique Le jumeau numérique vise à optimiser les opérations industrielles en offrant des services clés telles que la planification multicritères, l'optimisation post-événement et la maintenance prédictive. Pour ce faire, il faut trouver un juste équilibre entre la complexité et la simplicité dans la modélisation et l'outillage du jumeau numérique. Cela implique le développement d'un modèle ''juste nécessaire'' accompagné d'une méthodologie claire, ainsi que l'intégration avec des algorithmes de planification et d'optimisation et la visualisation des données en 2D ou 3D pour renforcer son utilité et son accessibilité. De plus, il est nécessaire d'assurer une connectivité en temps réel avec les procédés. Cela permettra la mise à jour régulière du modèle et une communication avec le site de production pour permettre la prise de décision en temps réel.