Thèse en cours

Influence des stéréotypes négatifs du vieillissement sur l'évaluation des déficits mnésiques et le repérage de l'état prodromal de la maladie d'Alzheimer

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Auteur / Autrice : Lysiane Le tirant
Direction : Isabelle RegnerFrancis Eustache
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences cognitives
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2024
Etablissement(s) : Aix-Marseille
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole Doctorale Cognition, Langage et Education
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : CRPN - Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences

Mots clés

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Résumé

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L'augmentation de l'espérance de vie a intensifié les préoccupations des personnes âgées vis-à-vis de la maladie d'Alzheimer (MA) et accru la demande d'examens neuropsychologiques. Or, l'identification de la déficience cognitive légère (MCI), considérée comme un stade précoce de la MA, est complexe. Un nombre significatif de patients MCI n'évolue pas vers la MA, ce qui soulève la question du biais de sur-diagnostic de la phase pré-démentielle de la MA. Ce projet de thèse vise à étudier l'influence des stéréotypes négatifs du vieillissement dans ce sur-diagnostic. De nombreuses études de laboratoire ont montré que ces stéréotypes, qui conduisent à penser à tort que le vieillissement entraîne systématiquement un grave déclin cognitif et la MA, perturbent les personnes âgées saines lors de tests de mémoire, les conduisant à obtenir des performances suboptimales. Ce projet examine pour la première fois ce phénomène, appelé « menace du stéréotype », en situation clinique réelle, grâce à une étude randomisée multicentrique (6 hôpitaux en France) réalisée auprès de vrais patients dans le cadre de l'examen neuropsychologique à l'hôpital mené par les équipes habituelles de neurologues et de neuropsychologues. Nous faisons l'hypothèse que cet examen active implicitement les stéréotypes négatifs du vieillissement cognitif, aggravant l'expression des déficits mnésiques et pouvant ainsi conduire à des faux-positifs. Cette hypothèse sera testée en comparant les performances neuropsychologiques des patients en situation de passation standard (menace du stéréotype) à celles de patients ayant passé la même batterie de tests en situation de menace réduite, grâce à la diffusion d'une courte vidéo développée spécifiquement pour le projet. Cette comparaison devrait montrer des performances cognitives plus faibles et un plus grand nombre de diagnostics MCI en situation standard (menaçante) qu'en situation de menace réduite. Cette hypothèse sera également testée en utilisant 1) des biomarqueurs de la neurodégénérescence pour distinguer les vrais des faux MCI, 2) des biomarqueurs du stress pour examiner le rôle du stress lors des tests neuropsychologiques, et 3) un questionnaire pour identifier les caractéristiques individuelles (facteurs de vulnérabilité) pouvant rendre les personnes âgées plus ou moins susceptibles au biais de menace du stéréotype lors des tests neuropsychologiques. Enfin, un suivi à 9-12 mois a pour objectif de tester tous les patients en condition de menace réduite avec la même batterie neuropsychologique (listes alternatives) et les mêmes mesures de stress physiologique, afin d'identifier les patients dont les performances cognitives restent stables, s'altèrent, ou s'améliorent. Cette étude fait partie d'un projet de recherche plus vaste financé par l'ANR pendant sept ans, qui comprend également l'étude des corrélats neuronaux sous-jacents aux effets de menace du stéréotype chez les personnes âgées durant la passation de tests neuropsychologiques. L'ensemble des passations concernées par le présent projet de thèse, toutes réalisées en hôpital auprès des patients, sont terminées depuis décembre 2023 et sont désormais accessibles. A l'interface des neurosciences cognitives, de la biologie, et de la psychologie sociale, ce projet de thèse est susceptible d'apporter des éléments de connaissance permettant d'améliorer les conditions d'examen neuropsychologique au bénéfice de personnes qui sinon pourraient être classées, à tort, comme MCI. Sans nier la réalité du vieillissement cognitif et des maladies neurodégénératives telles que MCI ou MA, notre projet suggère d'accorder une attention particulière à l'intervention de facteurs psychosociaux totalement négligés dans la régulation des performances neuropsychologiques.