Vers une ontologie matérialiste de la communauté : philosophie, politique et religion chez Ludwig Feuerbach.
Auteur / Autrice : | Ezequiel Burstein |
Direction : | Vincent Delecroix, Philippe Büttgen |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie, textes et savoirs |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2024 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe sociétés, religions, laïcités |
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Résumé
Dans un écrit posthume, le philosophe allemand Ludwig Feuerbach pouvait faire la remarque suivante : « Si, dans la pratique, l'homme a pris la place du chrétien, alors il faut aussi que l'essence humaine prenne dans la théorie la place de l'essence divine. ( ) Il nous faut devenir à nouveau religieux il faut que la politique devienne notre religion mais elle ne peut le devenir que si nous possédons, dans notre vision des choses, un principe suprême qui fasse pour nous de la politique une religion. » Ce principe consistera en l'athéisme, « le fait de renoncer à un dieu distinct de l'homme. » Le projet de recherche que nous souhaitons entreprendre pourrait trouver ici son point de départ. Nous nous proposons d'étudier la manière dont le phénomène religieux fournit le matériau de base pour une réflexion approfondie sur la nature humaine, notamment sur son essence politique, concrétisée dans la dimension de communauté. Partant d'une réflexion particulièrement ancrée dans la philosophie de la religion, notre hypothèse de travail affirmera donc dans un premier temps l'existence d'une pensée philosophico-politique chez Feuerbach en lui-même, et non pas par rapport à d'autres figures telles que Marx où Hegel. Cette pensée c'est notre seconde hypothèse trouve son centre dans une véritable ontologie matérialiste de la communauté, qui découle précisément de son approche singulière de la religion. Notre démarche consiste à développer en deux temps le contenu et le sens de cette ontologie. D'une part, en partant de la notion d'amour comme fondement ontologique qui permet à l'homme de dépasser l'instance individuelle pour achever une unité avec autrui, réalisant ainsi son essence : celle d'un véritable être-avec qui atteigne la transcendance dans le genre. D'autre part, en observant et en analysant comment un tel cadre théorique au sein de la philosophie de la religion est traduit et appliqué à la question du politique. Il l'est en effet d'une double manière : d'abord, en concevant l'État comme instanciation politique par excellence de ce dépassement métaphysique de l'homme individuel en tant que Gattung ou « homme absolu ou universel » ; puis, en méditant sur la forme la plus désirable de gouvernement.