Construire un savoir juste
Auteur / Autrice : | Alexis Rayapoullé |
Direction : | Bruno Falissard |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Éthique |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Santé Publique |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de Recherche en épidémiologie et Santé des populations |
Equipe de recherche : Recherche en éthique et épistémologie | |
Référent : Faculté de médecine |
Mots clés
Résumé
La science peut être ramenée, en tant qu'activité humaine et sociale, à une entreprise de fabrication de discours servant de socle à nos croyances, à partir desquelles nous appréhendons le fonctionnement du monde et réglons nos agissements sur nous-mêmes et notre environnement. Ces croyances particulières, les « connaissances scientifiques », en tant que produits d'une activité humaine répondant à des objectifs pratiques sociaux, ne peuvent donc pas évacuer les questions morales, questions dont une large partie des scientifiques considèrent qu'elles sont en dehors du spectre de la science. Si l'on accepte que les valeurs sont consubstantielles à l'activité scientifique, et non séparées d'elle, nous devons impérativement répondre à deux questions fondamentales pour la médecine et la santé publique : quels objectifs éthiques et politiques devons-nous poursuivre avec les sciences de la santé ? Et comment s'assurer que les connaissances produites sont les plus pertinentes pour y parvenir ? Ce projet de thèse doit apporter une réponse à ces questions en mêlant philosophie, médecine et santé publique. Une première partie du travail sera consacrée à une réflexion théorique, normative, sur le rôle social de la connaissance, en croisant les travaux provenant de la philosophie des sciences, ayant traité extensivement des concepts de « vérité » et « d'explication », et de la philosophie politique, cherchant à établir les meilleurs critères de justice pour une société. Une seconde partie consistera à appliquer cette réflexion théorique aux champs de la médecine et de la santé publique pour dégager la manière dont la méthodologie de production de connaissance (données recueillies, hypothèses formulées, choix des catégories et des outils analytiques, interprétation, etc.) est modifiée lorsque l'on cherche non pas à produire une connaissance abstraitement « vraie », mais une connaissance aux effets sociaux jugés comme « justes ». Cette recherche s'inscrit dans une tentative d'incorporer la critique de l'objectivité et de la neutralité morale revendiquée par les sciences, mise en lumière depuis plusieurs décennies par de nombreux travaux en sciences humaines et sociales (science studies). Cherchant à dépasser ce constat critique, elle doit permettre d'apporter une contribution méthodologique opérationnelle pour le champ des sciences de la santé.