Pour une poétique de la peur : Une étude des Pontiques d'Ovide

Towards a poetics of fear: A study of Ovid's Epistulae ex Ponto

• Auteur / Autrice : Andrea Labianca
• Direction : Hélène Casanova-robin
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Études latines
• Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
• Etablissement(s) : Sorbonne université
• Ecole(s) doctorale(s) : Mondes antiques et médiévaux
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Rome et ses renaissances. Art, archéologie, littérature, philosophie

Mots clés

Mots clés libres

Poésie latine

Ovide

Peur

Pontiques

Émotions

Exil

Latin poetry

Ovid

Fear

Epistulae ex Ponto

Emotions

Exile

Résumé

Exilé depuis 8 après J.-C. sur les rives de la mer Noire, Ovide compose deux recueils d'épîtres élégiaques adressées à divers correspondants romains, les Tristes, publié en 12 après J.-C., et les Pontiques, considérés comme l'œuvre ultime d'Ovide, couvrant la seconde partie de son exil, montrant un changement d'attitude du poète qui accepte progressivement son sort et cherche des stratégies pour préserver son identité. Cette étude vise à approfondir la réflexion sur l'Ovide Tomitanus en analysant ce dernier recueil. Le poète décrit Tomes comme un locus horribilis, en le désignant comme un espace de peur. La peur et la souffrance imprègnent les portraits du poète dans les œuvres d'exil. Explorer cette caractérisation de Tomes et de l'exil comme des espaces intrinsèquement liés à la peur, principalement en raison de leur nature inconnue et déstabilisante, est fondamental. Dans les Pontiques, la peur n'est pas seulement liée aux conditions pragmatiques de l'exil, mais elle envahit tout ce qui concerne le poète condamné. Les destinataires des épîtres font face à la peur de diverses manières : certains craignent encore l'association avec Ovide, tandis que d'autres ont surmontée cette inquiétude. Les Pontiques jouent avec le paradoxe d'une peur justifiée et progressivement lointaine, à la fois pour les destinataires et pour le poète lui-même. Ce travail s'insère dans le contexte d'un intérêt renouvelé pour les œuvres ovidiennes de l'exil, en y ajoutant les perspectives des affect studies et, en particulier, des travaux analysant les émotions dans l'Antiquité. À travers une approche multiple, à la fois lexicale, herméneutique et stylistique, cette étude vise à montrer la manière dont Ovide fait de la peur un véritable objet de poésie, en lui restituant une forme de dignité souvent contestée par ses prédécesseurs. En questionnant les représentations de la peur et leur valeur symbolique, éthique, existentielle, politique, ce travail intègre également une réflexion sur la tradition dans laquelle s'insère Ovide, avec une attention particulière pour la pluralité d'approches philosophiques qui influencent et caractérisent les évocations de la peur au sein des Pontiques.

Exiled since 8 AD on the shores of the Black Sea, Ovid composed two collections of elegiac epistles addressed to various Roman correspondents: the Tristia, published in 12 AD, and the Epistulae ex Ponto, considered Ovid's final work. The Epistulae ex Ponto cover the second part of his exile, showing the poet's gradual acceptance of his fate and his search for strategies to preserve his identity. This study aims to deepen the reflection on Ovidius Tomitanus by analyzing this final collection. The poet describes Tomis as a locus horribilis, designating it as a space of fear. Fear and pain permeate the poet's self-portrayal in the exile works. Exploring this characterization of Tomis and exile as spaces inherently linked to fear, primarily due to their unknown and destabilizing nature, is fundamental. In the Epistulae ex Ponto, fear is not only linked to the pragmatic conditions of exile, but pervades everything that concerns the condemned poet. The recipients of the epistles deal with fear in different ways: some still dread being associated with Ovid, while others have overcome this concern. The Epistulae ex Ponto play with the paradox of a fear that is justified and gradually fading away, both for the recipients and for the poet himself. This work fits into the context of a renewed interest in Ovid's exile works, adding the perspectives of affect studies and particularly the analysis of emotions in antiquity. Through a multifaceted approach - lexical, hermeneutical and stylistic - this study aims to show how Ovid turns fear into a real object of poetry, restoring it to a form of dignity often contested by his predecessors. By questioning the representations of fear and their symbolic, ethical, existential and political value, this work also considers the tradition into which Ovid fits, paying particular attention to the plurality of philosophical approaches that influence and characterise the evocations of fear in the Epistulae ex Ponto.