Thèse en cours

Le temps presse. Les microformes journalistiques à la Belle-Époque : du bref vers l'ultra-bref.

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Auteur / Autrice : Camille Mas
Direction : Marie-Eve Therenty
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : LITTERATURES FRANCAISES, COMPAREES spécialité Littérature française
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : Université de Montpellier Paul-Valéry
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : RIRRA 21 - Représenter, Inventer la Réalité, du Romantisme à l'Aube du XXIe siècle

Résumé

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Notre XXIe siècle peut être considéré comme le siècle de la vitesse notamment du point de vue de nos modes de communication et d'information. Répondant à une exigence de rapidité et d'efficacité toujours plus accrue, leur réalisation se veut toujours plus brève : e-mails, SMS, tweets, mèmes, flash-infos, publicités express, stories, bandes-annonces, clips, courts-métrages foisonnent au quotidien. Cette thèse se propose d'étudier les prémices de notre culture médiatique de l'ultra-brièveté à partir de la reconfiguration réductionnelle de formats déjà brefs qui a lieu dans les journaux de la Belle-Époque. À partir des années 1870, la presse voit en effet une multitude de microformes désignées comme telles s'épanouir dans ses colonnes. Il n'est plus possible de lire un journal sans y trouver des chroniquettes, des minutes, des notes, des nouvelles en trois lignes, de petits dialogues, de petits récits ou de petits échos. Par le biais d'une approche poético-historique, notre étude s'intéressera à l'influence du contexte de production sur ces petites formes. Dans une fin de XIXe siècle marquée par les progrès techniques, l'abaissement des coûts de production, l'essor de l'instruction, la démocratisation du divertissement et de la lecture, et où advient la culture de masse, le journal devient le principal mode de circulation des écrits. Soumis à des rythmes de production de plus en plus rapides, aux contraintes de la colonne, à un nombre de lignes restreint et à la nécessité de donner l'information de manière vive, concise et rapide, les écrivains-journalistes ont de plus en plus recours à une écriture ultra-brève. Les tailles deviennent des unités de vente et de commercialisation des écrits. La presse favorise leur miniaturisation et consacre l'ultra-bref. Sachant que les microformes sont le fruit de commandes faites par les journaux sous critères de taille, la prise en compte du support, de la génétique et des conditions matérielles d'écriture sont indispensables pour comprendre l'épanouissement de ces formes. Dans l'optique d'une étude du format, nous tenterons de circonscrire et de classer ce qui relève de l'ultra-bref d'un point de vue tant volumétrique que métaphorique (est petit ce qui compte peu de lignes et ce qui n'est pas sérieux) et nous étudierons les techniques de réduction du bref vers l'ultra-bref. Participant à un imaginaire moderne du fragment, à une littérature qui se veut davantage ancrée dans le quotidien, et influencés par la mode du haïku japonais ainsi que par la naissance de la petite revue dans les milieux symbolistes et décadents, ces textes intègrent les mutations du système de l'information. Caractérisés par leur densité, leur fort travail formel et esthétique, leur humour, leur recherche de connivence avec le lecteur, leur attrait pour l'implicite, les textes ultra-brefs reconfigurent les matrices journalistiques (périodicité, actualité, effet-rubrique et collectivité) et littéraires (fiction, ironie, conversation, écriture intime) dans de nouveaux formats qui circulent aisément entre différents médias, formats qui sont à l'origine de notre communication moderne.