Thèse en cours

L'Obeid : déconstruction et reconstruction d'une culture archéologique majeure de la Mésopotamie ancienne entre les premiers villages agricoles et les premières villes.

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Auteur / Autrice : Charlotte Damiano
Direction : Benjamin Mutin
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Théorie et pratique de l'archéologie
Date : Inscription en doctorat le 02/09/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : Histoire de l'art et archéologie
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Orient et Méditerranée. Textes, archéologie, histoire

Mots clés

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Résumé

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Le projet de cette thèse est de réévaluer et proposer une définition nouvelle d'une culture et période cruciale de la préhistoire récente de la Mésopotamie, l'Obeid. L'Obeid correspond à la transition entre d'une part les premiers villages agricoles apparus au Néolithique et de l'autre les premières villes. La culture archéologique et période d'Obeid s'est développée du Chalcolithique à la période d'Uruk, soit sur plus de 2000 ans, du milieu du 7e millénaire à la fin du 5e millénaire, voire au début du 4e millénaire avant notre ère. Culture vraisemblablement originaire du sud Irakien, l'Obeid s'est également étendu dans tout le sud mésopotamien et jusqu'en Anatolie, en Iran ou dans le Golfe Persique, témoignant ainsi d'une expansion considérable et de l'importance de l'Obeid dès cette époque. Pourtant, l'Obeid reste mal compris, tant en ce qui concerne sa chronologie que sa nature : il apparaît plutôt comme un terme « fourre-tout », une période chronologique longue, une culture archéologique hétérogène. L'Obeid a été divisé en six sous-phases, Obeid 0 à 5, et les phases 1 et 2 (Obeid Ancien — environ 6è millénaire avant notre ère) ont été classées principalement en fonction des styles, des décors et des formes de la poterie, mais les dates de début et de fin de ces sous-phases restent incertaines, et il existe de grandes différences dans la production céramique. Ainsi, le projet de cette thèse est de rendre à l'Obeid des fondations solides et de le (re)caractériser en se concentrant sur ses phases initiales, c'est-à-dire l'Obeid 1 et 2. Multidisciplinaire, l'approche envisagée combinera les méthodes de l'archéologie, de l'archéométrie, de la géographie et de l'anthropologie dans le but d'enregistrer, de documenter et d'analyser la totalité des contextes archéologiques et la culture matérielle découverts lors des fouilles et des prospections réalisées en Mésopotamie et chez ses voisins. De cette manière, nous pourrons proposer, pour la première fois, une reconstitution détaillée de l'occupation humaine dans cette région lors de cette période. Cette recherche reposera sur l'analyse préalable des données disponibles dans la littérature existante (publications, rapports de fouilles, archives) à propos des sites, des contextes archéologiques et des assemblages du matériel correspondant datés de l'Obeid. Elle impliquera également, par la cartographie, l'étude de la distribution spatiale des sites et des collections archéologiques, au-delà des céramiques seulement. Comprendre cette distribution spatiale en lien avec les assemblages apportera des éclairages quant aux facteurs qui influencent cette répartition, et permettra de faire un bilan des données géographiques et chronologiques. Cette compréhension chronologique pourra ensuite être utilisée pour interpréter les résultats de l'étude géographique, fournissant des éléments de comparaison ou des hypothèses sur les dynamiques qui ont conduit à la répartition des sites. L'étude du matériel s'appuiera sur les collections muséales (Musée du Louvre, Vorterasiatisches Museum de Berlin) et les assemblages conservés dans les instituts de recherche de fouilles et universités (Deutsches Archäeologisches Institut, Université de Heidelberg). Nous mettrons particulièrement en avant l'étude du matériel céramique, artéfact le plus caractéristique et répandu de l'Obeid. La poterie fera l'objet d'analyses chimiques en laboratoire visant à reconstituer et comparer leurs chaînes opératoires de fabrication et leurs origines. Cela permettra de mieux caractériser la ou les tradition(s) potière(s) de cette culture archéologique, élément clef de sa définition. Enfin, l'approche anthropologique permettra d'observer des variations culturelles régionales et de revisiter les modèles traditionnels. En conséquence, nous pourrons fournir une perspective actualisée sur la préhistoire récente du sud de la Mésopotamie, ce qui enrichira notre compréhension des dynamiques sociales et culturelles de cette période.