Comprendre comment la dystrophine subcellulaire protège les fibres musculaires de la dégénérescence
Auteur / Autrice : | Talha Soylu |
Direction : | Helge Amthor |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie moléculaire et cellulaire |
Date : | Inscription en doctorat le 20/08/2024 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Structure et Dynamique des Systèmes Vivants |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Handicap Neuromusculaire: Physiopathologie, Biotechnologies et Pharmacologie appliquées |
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines |
Mots clés
Résumé
L'absence de dystrophine est à l'origine de la dystrophie musculaire de Duchenne (DMD), qui se caractérise par la disparition et la régénération des fibres musculaires. Avec le temps, la régénération devient insuffisante et, associée à une fibrose graisseuse croissante, elle conduit à une dystrophie musculaire progressive chez les patients et les modèles animaux. Curieusement, certaines fibres semblent résister à la dégénérescence dans le modèle de souris DMD mdx. Une hypothèse serait que ces fibres maintiennent une expression résiduelle (révertante) de la dystrophine. Par ailleurs, la plupart des femmes porteuses sont asymptomatiques malgré la présence d'une mosaïque de dystrophine à des degrés divers. Cela suggère l'existence d'un seuil de couverture de dystrophine sarcolemmale au-delà duquel les fibres deviennent résistantes à la dégénérescence. Dans le cadre de mon projet de doctorat, je déterminerai les mécanismes par lesquels les myofibres deviennent résistantes à la dégénérescence. Je me concentrerai sur l'impact de la distribution sarcolemmale de la dystrophine sur la stabilité des myofibres. J'utiliserai nos lignées de souris rapporteuses récemment établies exprimant un tag EGFP fusionné à Dmd-exon 79 pour modéliser le statut de porteur femelle de la DMD. Je générerai des souris femelles hétérozygotes DmdEGFP/wt et DmdEGFP/mdx, dans lesquelles les noyaux après l'inactivation du chromosome X expriment soit DmdEGFP (synthétisant la protéine de fusion dystrophine-EGFP), soit Dmdwt (dystrophine de type sauvage), soit Dmdmdx (pas de dystrophine). Mon travail est basé sur une découverte récente de l'équipe hôte : Les souris rapporteuses femelles DmdEGFP et DmdEGFP-mdx expriment la dystrophine de manière compartimentée : chaque myonucléus définit une unité de dystrophine sarcolemmale basale (BSDU) et englobe un territoire sarcolemmal distinct d'une taille d'environ 80 μm. Il est à noter que ces BSDU ne présentent pas de changements compensatoires significatifs en réponse à la carence en dystrophine dans les domaines nucléaires adjacents chez les femelles porteuses de DmdEGFP/mdx. Je profiterai d'une particularité du modèle murin de la DMD par rapport aux patients humains : les souris nouveau-nées ont des muscles normaux, et la dé/régénération se produisent principalement à l'âge juvénile. Cela me permet de comparer la composition des fibres avant et après cette vague de dé/régénération. Je me concentrerai notamment sur la conversion précédemment observée des myofibres dystrophino-négatives (dys-) en dystrophino-positives (dys+) chez les femelles porteuses de mdx en cours de maturation. Le mécanisme sous-jacent de cette conversion pourrait permettre de comprendre comment les fibres deviennent résistantes à la dégénérescence. Les principaux objectifs du projet sont les suivants : Objectif 1 : Déterminer la couverture de dystrophine sarcolemmale minimale requise pour la survie à long terme des myofibres. Objectif 2 : Déterminer si la dé/régénération entraînent la conversion des fibres dys- en fibres dys+ chez les femmes porteuses du gène mdx. Objectif 3 : Déterminer si, dans les muscles mosaïques, il peut exister un effet de communauté qui protège les fibres dys-. Objectif 4 : Déterminer l'impact de la compartimentation subcellulaire de la dystrophine sur la stabilité des myofibres. Déterminer si l'accumulation de dystrophine à la jonction myotendineuse est nécessaire à la survie des myofibres. Objectif 5 : Déterminer le mécanisme cellulaire et moléculaire des myofibres résistantes à la dégénérescence chez les souris mâles mdx déficientes en dystrophine. Les résultats attendus permettront de comprendre comment les fibres mosaïques sont devenues résistantes à la dégénérescence. Mais aussi comment les femmes porteuses sont protégées contre une dystrophie musculaire plus grave et de déterminer la couverture minimale de dystrophine sarcolemmale nécessaire à la survie à long terme des myofibres après des thérapies géniques.