La pénitence du prince : théorie et pratique de la pénitence royale dans le monde franc carolingien et post-carolingien entre 822 et 1077
Auteur / Autrice : | Constantin Frolich |
Direction : | Bruno Dumezil |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire du Moyen Âge |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2024 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | Mondes antiques et médiévaux |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Roland Mousnier |
Mots clés
Résumé
La figure du prince pénitent imprègne les évolutions des pratiques de pénitence chrétiennes entre la réforme carolingienne au IXe siècle et la fin du XIe siècle marquée par la réforme grégorienne. Aussi les pénitences de souverains pendant cette période doivent être replacées dans un double contexte : l'implantation profonde des rites pénitentiels promus par l'Église franque dans la vie des fidèles et l'admonestation ou l'excommunication de grands par le haut clergé. En effet, la pénitence constitue un rite qui se précise sur le plan liturgique mais devient également un outil politique dans la mesure où l'idéal chrétien de contrition, prôné par les évêques réformateurs, est mis au service de l'admonestation des puissants par le haut clergé. Les théories et pratiques de la pénitence médiévale s'enrichissent des affaires touchant la haute élite, lorsque des princes confessent leur faute en public. L'étude cherche à percevoir dans quelle mesure l'expansion des rites de confession dans la société franque atteint la personne du souverain et, réciproquement, comment la pénitence des rois et des reines permet à l'Église d'ériger une norme s'appliquant à tous. C'est à partir du IXe siècle que se multiplient les références à la pénitence royale, dans le sillage du règne de Louis le Pieux qui s'humilie publiquement en 822 et 833. Dans les deux siècles qui suivent, les territoires de l'espace franc sont le théâtre de plusieurs pénitences impliquant des rois ou des reines jusqu'à la célèbre humiliation du roi des Romains Henri IV à Canossa en 1077. L'empire carolingien puis les royaumes qui en sont issus (Francie et Germanie) permettent alors de mettre en parallèle plusieurs ensembles de textes relatifs à des pénitences de souverains. La diffusion de ces récits sera considérée pour examiner comment la repentance des souverains participe à la construction des théories et des pratiques pénitentielles de l'Église franque. De fait, si le contexte politique de leur rédaction a parfois été étudié, nos dossiers documentaires gagneront à être mis en rapport avec les textes portant sur la pénitence du commun des fidèles au haut Moyen Âge. Ce travail contribuera à déterminer combien les pénitences royales sont représentatives des pratiques de leur temps. De fait, les pénitences royales ne sont pas seulement révélatrices de rapports de forces politiques ; elles participent aussi à la mise en place de normes par l'Église, au règlement des conflits, à la nécessité de laver la souillure et le scandale, à la sacralisation de l'eucharistie et de l'espace ecclésial renforcée par le lien entre rachat des fautes et communion. Cette inscription de la pénitence dans les évolutions religieuses et sociales conduit donc à s'intéresser au rôle qu'elle a pu jouer dans la christianisation en profondeur de la société occidentale à la fin du haut Moyen Âge.