Thèse en cours

Les missions protestantes britanniques et la christianisation de la jeunesse autochtone dans le nord-est de l'espace colonial, 1640-1775.

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Auteur / Autrice : Maïann Stachnik
Direction : Nathalie CaronAnne Page
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2024
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : Civilisations, cultures, littératures et sociétés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire et dynamique des espaces anglophones : du réel au virtuel

Résumé

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Les missions protestantes britanniques étaient directement liées à une volonté de domination culturelle, économique, politique et sociale des autochtones, le plus souvent algonquins ou iroquois dans le nord-est des colonies. En effet, ces missions sont intervenues dans le cadre d'une lutte entre la France, l'Espagne et l'Angleterre pour l'appropriation des terres autochtones et leur exploitation. Dans ce contexte, les missions ont servi à instaurer des relations hiérarchiques entre colons et autochtones de façon à permettre l'implantation des familles européennes sur les territoires des peuples locaux et leur expropriation par des traités inégaux ou non respectés. Elles ont également engendré des difficultés économiques suite à a un commerce désavantageux pour les autochtones, mais aussi à l'esclavage et au massacre de ces derniers, à l'image des nombreux Algonquins, parfois christianisés, qui furent tués ou déplacés lors de la guerre du roi Philippe. Paradoxalement, le christianisme autochtone a alors pu devenir un outil de résistance à l'oppresseur en s'opposant à la violence des européens, comme chez les communautés chrétiennes autonomes Narragansett du milieu du dix-huitième siècle. Les missions devaient pourtant donner lieu à l'assimilation des autochtones. A cet effet, le missionnaire John Eliot installa ses fidèles des tribus Nipmuc et Massachusett dans des villages appelés “praying towns” à partir des années 1640. Dans ces villages, les autochtones devaient adopter la culture des européens, y compris leurs vêtements, leur type d'habitation et leur agriculture, tout en reniant leurs propres traditions. L'idée qu'une assimilation culturelle totale était nécessaire à la conversion des autochtones fut ainsi partagée par Eliot et un grand nombre de missionnaires, y compris au dix-huitième siècle, où le principe des internats visait à déraciner les enfants autochtones de leur famille et de leur culture pour ainsi les assimiler. La parole et le langage des autochtones ont donc été contrôlés et modifiés par les missionnaires. Toutefois, cela n'a pas empêché la particularité de visions autochtones du protestantisme d'émerger, notamment lorsque les missionnaires européens ont pu être remplacés par des autochtones, comme à Martha's Vineyard. Dans ces contextes, des pratiques et des croyances traditionnelles à ces peuples ont pu coexister avec des enseignements chrétiens, témoignant de la façon dont la vision du christianisme de ces individus a été déterminée par leur spiritualité traditionnelle, la cultivant et la préservant. La jeunesse autochtone, enfants et adolescents, occupait une place clé à la fois pour les missions et pour le maintien des cultures traditionnelles locales. L'acculturation des enfants était une priorité pour les missionnaires, et elle s'est traduite par des écoles au sein des communautés autochtones, mais aussi des internats et des placements des enfants auprès de familles européennes en tant que domestiques voire esclaves, contextes où la violence épistémique s'associait à des violences physiques. Certains de ces enfants restaient cependant en contact avec leur famille et leur communauté d'origine, et ces liens ont pu favoriser une transmission de savoirs issus de leurs spiritualités traditionnelles, permettant la subsistance d'une culture autochtone chez ces individus. De telles personnes dont l'enfance a tant bien que mal concilié leur culture traditionnelle et celle dictée par les missionnaires pouvaient ainsi devenir les acteurs d'un christianisme spécifiquement autochtone en interprétant les principes chrétiens au prisme de leurs savoirs traditionnels, et en transmettant cette vision aux nouvelles générations. Ce faisant, ces jeunes personnes ont permis la survivance et la résistance de leur culture aux violences des missions et des colons en général, y compris dans le cadre de la lutte contre la discrimination et de celle contre l'expropriation des tribus.