ROLE DE LA SIGNALISATION DES RHO GTPASES DANS LA DEFICIENCE INTELLECTUELLE ET L'AUTISME
Auteur / Autrice : | Jeanne Bernard |
Direction : | Susanne Schmidt |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Biologie Santé |
Date : | Inscription en doctorat le 30/09/2024 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier (2022-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | Sciences Chimiques et Biologiques pour la Santé |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CRBM - Centre de Recherche en Biologie cellulaire de Montpellier |
Equipe de recherche : Signalisation et dynamique du cytosquelette |
Mots clés
Résumé
L'intégrité de l'activité synaptique est essentielle au fonctionnement du cerveau. Des altérations de la fonction synaptique sont observées dans un grand nombre de troubles neurologiques et psychiatriques, tels que la schizophrénie, les troubles du spectre autistique (TSA) et la déficience intellectuelle (DI). Les progrès récents dans le séquençage du génome entier de ces patients ont révélé de nouvelles mutations dans des gènes jusqu'ici non liés à ces maladies. Une meilleure compréhension du rôle de ces gènes dans le neurodéveloppement pourrait donc permettre de mieux comprendre l'étiologie de ces troubles et d'identifier de nouvelles cibles thérapeutiques. Notre laboratoire est spécialisé dans la signalisation des Rho GTPases et se concentre sur le facteur d'échange Rho guanine nucleotide (RhoGEF) TRIO, qui est un régulateur majeur de la migration cellulaire, de la croissance/du guidage des axones et de la synaptogenèse en contrôlant le remodelage du cytosquelette d'actine via l'activation de la GTPase RAC1 (Bircher and Koleske, 2021). Récemment, des études de séquençage de l'exome entier (WES) ont identifié plusieurs mutations délétères de novo dans le gène TRIO chez des patients atteints de TSA et d'ID. Les phénotypes des patients sont assez hétérogènes et il est important d'élucider les mécanismes moléculaires qui sous-tendent cette hétérogénéité. Au niveau moléculaire, nous avons montré que certaines de ces mutations associées à la DI et à la microcéphalie altèrent l'activation de RAC1 par TRIO (Pengelly et al, 2016). A l'inverse, d'autres mutations associées à la macrocéphalie, au retard mental sévère et au comportement autistique, conduisent à une activation accrue de RAC1 par TRIO. Ces résultats montrent que les mutations d'un même gène peuvent avoir des effets cellulaires opposés, ce qui pourrait expliquer l'hétérogénéité du phénotype des patients (Barbosa et al, 2020). Au cours de notre étude des variants pathogènes de TRIO, nous avons découvert que TRIO est auto-inhibé par un repliement intramoléculaire dans des conditions physiologiques, et que des variants de mutations à gain de fonction lèvent cette inhibition, conduisant à une hyperactivation de RAC1. De plus, ces variants gain de fonction affectent la croissance et le guidage axonaux dans le modèle de développement du poisson zèbre, fournissant la première preuve in vivo de l'impact de ces variants pathogènes de TRIO sur le développement des circuits neuronaux (Bonnet et al, 2023). Toutes ces données ont permis de proposer que TRIO est un nouveau gène de risque pour les troubles du développement neurologique et montrent que la perturbation de sa fonction par des mutations contribue au développement de ces maladies complexes. Le projet de thèse que nous proposons vise à caractériser un modèle de souris TRIO transgénique exprimant un variant gain de fonction pour avoir un modèle de la pathologie humaine. Le fait que cette mutation lève l'auto-inhibition de l'activité de TRIO ouvre la possibilité attrayante d'une stratégie d'intervention thérapeutique par l'inhibition de la voie de signalisation RAC1 pour sauver le phénotype des patients. Ce projet sera réalisé en utilisant des approches complémentaires telles que la biochimie, la biologie cellulaire des neurones, des techniques d'imagerie avancées, l'électrophysiologie et des études comportementales utilisant un modèle de souris transgénique TRIO.