Thèse en cours

Processus de l'intransitivation et de la transitivation en français. Etude syntactico-sémantique de la variation de la valence verbale. L'exemple des verbes de déplacement. Approche diachronique.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Safa Sahnoun
Direction : Nathalie Rossi-gensane
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences du langage mention linguistique
Date : Inscription en doctorat le 30/06/2016
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : 3LA - Lettres, Langues, Linguistique et Arts
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : ICAR - Interactions, Corpus, Apprentissages, Représentations
Equipe de recherche : Syntaxe, Sens, Textualité

Résumé

FR

Notre recherche s'inscrit dans un cadre syntactico-sémantique et pragmatique dont la visée est d'étudier la complémentation verbale en français contemporain, en adoptant une approche diachronique et en se limitant à l'étude des verbes exprimant le déplacement en français. Ce type de verbe représente des particularités sémantiques, syntaxiques et aspectuelles. L'expression du déplacement étant prototypique de la fonction dite traditionnellement complément circonstanciel, nous avons pu étudier la problématique du rapport complémentation verbale et transitivité. Les verbes exprimant le déplacement sont décrits traditionnellement comme intransitifs et paradoxalement sont des verbes qui se rencontrent le plus avec un élément nominal à leur droite servant à décrire la destination ou la manière du déplacement et sont de ce fait les plus concernés par la problématique de la complémentation ainsi que de la question de la facultativité ou la primordialité de ces compléments. La problématique principale sera d'étudier la notion de complément, les changements qui peuvent l'accompagner ainsi que l'évolution des schémas actanciels et de décrire le processus derrière ce phénomène d'intransitivation et de transitivation en diachronie. Ne seront concernés par notre travail que les verbes qui dénotent un changement d'emplacement par rapport au cadre de référence, c'est –à-dire les verbes de déplacement au sens strict. Nous avons confronté les verbes sélectionnés dans le LVF avec d'autres dictionnaires usuels et des dictionnaires historiques ce qui permet de vérifier si sémantiquement ils sont classés comme verbes de déplacement dans tous les dictionnaires, s'ils avaient toujours eu ce sens, s'ils sont polysémiques ou ayant le sens de déplacement uniquement dans des constructions particulières. Nous avons ensuite procédé à un dépouillement des dictionnaires historiques du français, pour comparer si les sémantismes et les constructions syntaxiques coïncident avec celles retenues en français actuel, s'il y a eu changement, variation ou évolution. Toute variante devient-elle élément de l'état de langue suivant ? Quels sont les facteurs qui favorisent l'apparition de ces variantes et à quel moment une variante devient-elle un changement et se supplée à la forme existante ou comment s'opère la stabilisation d'une nouvelle forme et son intégration au système morphosyntaxique de la langue ? A la lumière d'une étude critique de différentes grammaires historiques nous avons étudié la classification des verbes qui est différente chez chaque auteur, pas seulement à cause de l'époque mais essentiellement à cause de leur différentes conception du statut du verbe, du complément, de la transitivité ce qui nous a permis de mettre en évidence l'instabilité de la notion de transitivité, son caractère non fini, et la futilité du classement traditionnel des verbes en transitifs et intransitifs. Nous avons, effectivement, démontré qu'il n'existe pas de limites étanches entre chaque catégorie de verbes. Nous avons ainsi choisi d'adopter la notion de valence verbale et de considérer la transitivité comme un continuum pour pouvoir étudier cette labilité du système syntaxique. Le changement sémantique est-il toujours doublé d'une modification syntaxique ? Les structures argumentales remaniées de ces verbes analysés permettent de relever les conséquences sur leurs propriétés sémantiques afin de parvenir à expliciter les possibilités de combinaisons syntaxiques et dire quand il s'agit de transitivation, d'intransitivation ou d'une configuration syntaxique particulière propre à une époque donnée en synchronie. Intervient ici la question de la pragmatique dans l'apparition de certains emplois non canoniques et qui seront maintenus en diachronie.